Quatrième album, fait dans la douleur due à la fatigue relative à la tournée pour le troisième nommé Bare Bone Nest hors des frontières finlandaises, Big Lupu peut être considéré comme la merveille de la discographie de 22-Pistepirkko, groupe mis en pause forcée en 2015 au bout de trente cinq années d'existence après de vives tensions entre les frères Keränen (à ce que j'ai compris).
Du bon rock, des frimas folk exquis, des lampées de blues, des ambiances surnaturelles sorties d'un orgue Moog ou d'une réverbération d'une guitare, ce disque aux mélanges alchimiques enchante toujours par son étrangeté. Du merveilleux morceau pop-folk d'ouverture "Bubblegum Couple" à l'instrumental "Hawk Walk", rien est à jeter. "Birdy" est toujours magnifique et est sans aucun doute le plus beau morceau du disque, émouvant et poétique. Le bluesy et paisible "Don't Say I'm So Evil" régale de fraîcheur et de limpidité grâce au son de la guitare produit au bootleneck. "Texacoson", le psychédélique "Swamp Blues" et "She's So Shy" envoient la sauce par leur énergie bien rock. Mais 22-Pistepirkko c'est aussi deux voix, celle nasillarde et aiguë de PK qui est également à la guitare et du mystérieux Espe, batteur chantant sur des morceaux aux tendances plus brumeuses à l'image de l'imbriaque "Tired Of Being Drunk", le hanté "I'm Right" ou "All Night Cafe" et son riff évoquant Link Wray, pendant qu'Asko (le frère de PK), qui lui ne chante pas, assure entre la basse et le clavier.
Comment ces trois-là ont pu composer une telle merveille ? Car vingt cinq années plus tard, la magie opère toujours autant, intacte qu'elle est.