Si dieu existait, ou eu existé, ce serait le grand Miles Davis! Il est pour de nombreux musicien, et mélomanes la référence ultime. Il a perfectionné chaque style, avant d'en créer d'autre. Que ce soit le be bop, le cool-jazz, le hard bop, le jazz fusion, ou le jazz rock, il est à lui seul plusieurs styles indescriptible, et tous géniaux. Ce génie avait du flair pour trouver les bons musiciens. C'est ce qu'en témoigne cet album: un all-star game du jazz. On y trouve les plus grandes icones de la musique comme Wayne Shorter (sax), Joe Zawinul (piano), Chick Corea (piano), John Maclaughlin (guitare), Dave Holland (contre basse), Jack DeJohnette (batterie), et bien d'autre.
Cet album mythique est dans les styles jazz fusion, que Mclaughlin perfectionnera plus tard avec des albums mythiques comme le mythique live à Tokyo ou "Extrapolation". Mais il se mêle aussi à un jazz-rock plutôt prononcé, avec la présence de Shorter et Zawinul qui fonderont deux ans après l'enregistrement de "Bitches Brew" le groupe leader du genre: Weather Report. On peut noter une légère inspiration surréaliste comme nous suggère la pochette de l'album, avec comme une volonté de créer des images dans l'esprit de l'auditeur. En effet, cet opus nous emmène dans des univers collorés, étranges.
Bitches Brew s'inscrit dans la période ou Davis change radicalement de style, il oublie ses quintets de 55'-68', qui ont fait sa gloire, pour se tourner dans une nouvelle ère. Il va s'avouer conquis par l'émergence des instruments électriques. Ceux ci vont changer sa musique, comme l'album "on the corner" ou le mythique "tutu", une musique tournée vers le futur, l'évolution, la révolution musicale. On y entend une musique plus rapide, virtuose, des tempos très rapides, avec des mesures complexes (il se disait constamment entendre des 12/8 dans sa tête, vers sa fin de carrière). Même son jeu de trompette s'en trouve changé, ici il y a beaucoup plus d'importance à l'attaque qu'au précédent. Il joue de manière beaucoup plus agressive, un son plus sale, moins rond. Mais en gardant ce parfait mélange entre économie de note, et phrases courtes et virtuoses qui le caractérise. Mais la révolution se fait dans ce gigantesque mélange sonore et complexe que présente cette oeuvre. En effet, pas moins de 12 musiciens ont y ont participé. Et Davis fait l'exploit de faire jouer plusieurs bassistes, pianistes, batteurs, percussionnistes en même temps sur des même titres, relativement longs (20:06 pour "Pharaoh's Dance" et 27:00 pour "bitches brew"), sur des instruments (piano, guitare, basse) électriques, une nouveauté pour l'époque.
Frédéric Goaty disait que sans Miles Davis, Bitches Brew ne serait plus un chef d'oeuvre. En effet il est le père de cette oeuvre, et de tout ce qu'elle a engendré, mais le mérite ne reviens pas qu'a Davis. En effet il faut aussi souligner l'écriture de génie de Zawinul et Shorter qui composèrent 3 des 7 morceaux. Et l'incroyable créativité et musicalité des autre ouvriers de cet édifice qui grâce à leurs talents, on pu réaliser en trois jours, et quasiment aucune consigne (si ce n'est le tempo), ce véritable chef d'oeuvre, pierre angulaire du jazz et du jazz rock, qu'est Bitches Brew. Que Davis repose en paix, il peut être fier de ce qu'il a fait, accompli, et de l'influence qu'il donne chaque jour à chacun des musiciens de ce monde.
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