Bitches Brew
8.1
Bitches Brew

Album de Miles Davis (1970)

Quand j'ai découvert cet album dans les années 75 environ, ça avait été un (plutôt désagréable) choc. Miles Davis avait atteint un sommet qu'il n'a jamais dépassé avec "Kind of Blue". Puis il a évolué et introduit des instruments électriques pour aboutir à un autre sommet (moins haut toutefois pour moi que Kind of Blue) "In a silent way".


Puis il est allé encore plus loin avec "Bitches Brew"; je n'avais pas vraiment aimé. Puis les années passant, j'ai éprouvé le besoin de le réécouter et ai un peu mieux apprécié …


A l'actif de cet album et de la nouvelle carrière de Miles Davis qui se dessine depuis "in a silent way", c'est le métissage des cultures et des inspirations sur un fond de couleur africaine. Cette sonorité africaine qu'il retrouve de puis plusieurs albums, c'est le berceau, le chaudron, dans lequel Miles Davis s'ingénie à mettre des pincées d'autres musiques le soul, le rock blanc ou noir. C'est une musique dont Weather Report (W. Shorter + J Zawinul) s'inspirera abondamment.


Comment est construit son orchestre dans "Bitches brew" ?
. Du second quintette, il ne reste plus que Wayne Shorter, le saxo soprano.
. De "In a silent way", subsistent Wayne Shorter, Joe Zawinul, John Mclaughlin, Chick Corea (piano électrique) et Dave Holland (basse).
Un mot sur l'introduction du guitariste britannique John McLaughlin qui constituait déjà dans "In a silent way " une sacrée contribution au mélange des cultures.
La section rythmique est complètement renouvelée avec plusieurs batteurs et percussionnistes dont en particulier Jack De Johnette et Billy Cobham. Ce dernier a travaillé à plusieurs reprises avec Carlos Santana et John McLaughlin.
Une clarinette basse rejoint l'orchestre de "Bitches Brew" avec Bennie Maupin


1 – "Pharaoh's Dance" (Joe Zawinul)
Tempo plutôt rapide section rythmique très colorée et
L'orchestre occupe l'espace sonore.
La trompette est froide, presque agressive avec le son travaillé électroniquement (échos) et le saxo s'envole vers un registre extrême


2 – "Bitches Brew" (Miles Davis) c'est lemorceau qui donne le titre à l'album et est donc essentiel ; c'est aussi le plus long puisqu'il fait 27 minutes.
Tempo un peu plus lent que "Pharaoh's dance"
La trompette est aérienne avec le son travaillé électroniquement (comme dans le morceau précédent)
Influence rock nette : rythme, guitare mais quand même, difficile de reconnaître le phrasé – typique – de John Mclaughlin comme s'il était un peu bridé dans le morceau.
Mon appréciation sur ce morceau : il y a un décalage sonore très net entre la trompette aérienne qui survole le morceau et le reste de l'orchestre qui semble avoir du mal à émerger ; l'impression est curieuse car inhabituelle chez Miles Davis dont la trompette est en générale beaucoup plus confidentielle et reste au niveau des autres instruments, moins éclatante et moins dominante.
Le saxo de Wayne Shorter reste à ce niveau plus mesuré.


3 – Spanish key (Miles Davis)
Tempo rapide ; mêmes remarques que "bitches brew"
Dialogue entre piano et guitare ; la trompette, toujours aussi dominante, a clairement des accents de musique "espagnole".


4 – John Mclaughlin (Miles Davis)
Petit morceau intermédiaire de 4 minuts où ni Davis ni Shorter n'interviennent.
Là, John Mclaughlin peut donner sa mesure face à la clarinette basse et au piano électrique. On n'est plus tellement dans le jazz mais bien dans du rock très construit, massif. Plutôt agréable


5 – Miles runs the voodoo down (Miles Davis)
Allusion claire au Voodoo Chile de Jimmy Hendrix.
La trompette a d'ailleurs des accents de la guitare électrique virtuose de Hendrix ; on retrouve (un peu) le Miles d'avant. Là encore, j'apprécie


6 – Sanctuary (Wayne Shorter)
Tempo lent ; La trompette de Miles Davis est revenue à ce qu'elle fut ; est-elle revenue dans le sanctuaire ? J'apprécie...


Au final, l'album est intéressant, probablement génial à voir les commentaires dithyrambiques de tous les côtés. Je ne crois pas avoir jamais lu un commentaire négatif à propos de cet album.
J'apprécie que Miles Davis essaie de d'évoluer et d'expérimenter de nouvelles voies et surtout de réconcilier diverses musiques.
"Bitches Brew" est quand même pas mal mais malheureusement j'ai du mal à adhérer à l'évolution de la sonorité de sa trompette surtout dans les deux premiers morceaux "phares" de cet album.

JeanG55
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le 20 oct. 2021

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