Historiquement, cet album a une certaine valeur, c'est indéniable. Car il constitue les prémices du sous-genre le plus extrême du metal, le black metal.
Même si le débat fait rage à propos du courant auquel rattacher le groupe ("Ce n'était pas encore du black metal, les vrais débuts du black metal c'est Bathory"), disons que Venom se rattacherait plutôt à la New Wave Of British Heavy Metal. Je n'invente rien, c'est écrit sur le boîtier de mon disque, il faut le savoir, N.W.O.B.H.M, c'est vérifiable.
Donc, que propose ce disque ? Un hard rock sale, mal enregistré, techniquement passable (même sans avoir une grande expérience dans le domaine, ça s'entend qu'ils jouent assez mal), cru, aux guitares tantôt rugissantes, tantôt vrombissantes, tantôt stridentes, à la croisée de Mötorhead, du punk hardcore style Sham 69 ou GBH, du garage rock. On distingue rétrospectivement les prémices du chant black metal dans le chant de Cronos, rocailleux et râpeux à souhait, même s'il part parfois dans le rugissement ou le feulement.
L'énergie inspirée par ce disque est indéniable. Le morceau-titre donne le ton d'emblée, donne envie de secouer la tête en fredonnant les paroles. Les autres chansons sont tout aussi toniques et entraînantes : teacher's pet, raise the dead... buried alive est plus sombre et inquiétante. L'imagerie sataniste/macabre/morbide déployée à travers la pochette et les paroles des chansons (évoquant possession démoniaque, sorcellerie, films d'épouvante...) instaure une atmosphère et marquera un tournant. Même s'il a été prouvé depuis que c'était à prendre au second degré, une bande de gamins en manque de sensations fortes prendra ça au sérieux, quelque part en Norvège, et ira encore plus loin, mais c'est une autre histoire...
A écouter car ce proto-black metal reste accessible à ceux qui ne sont pas forcément amateurs des successeurs scandinaves.