Je dois avouer que j’ai découvert Sunn O))), formé par Stephen O'Malley et Greg Anderson, avec cet album. J’en avais beaucoup entendu parler depuis longtemps de la part d’amateurs et amatrices de metal mais je n’en avais jamais écouté d’album. J’en ai profité aussi pour lire sur ce groupe hors-norme et inclassable (drone metal ? Ou autre ??? Après tout, ce ne sont que des étiquettes). Je n’ai donc pas de point de référence dans leur œuvre qui s’étale désormais sur 30 ans. Certains fans semblent dire de cet album qu’il est leur meilleur, d’autres sont bien plus critiques…Il faut prendre ce « Black One » de 2005 pour ce qu’il est, une véritable expérience tant physique que mentale, une plongée dans les tréfonds d’une âme torturée voire carrément dans les Enfers (on y retrouve dans le dernier morceau, « Báthory Erzsébet », le fameux personnage de la « Comtesse sanglante » du XVIe s, Elisabeth Bathory). La question n’est pas d’aimer ou pas, c’est absurde face à une musique aussi radicale et sans compromis. Les musiciens sont dans une démarche anti-commerciale, sans possibilité de passer à la radio tellement leur musique est extrême, même si le grand DJ britannique John Peel les a soutenus au début des années 2000 en les programmant sur la BBC lors de ses « Peel Sessions ».
C’était sacrément courageux de sa part car Sunn O))) est toujours resté une formation ignorée du grand public mais qui a su se créer un réseau de fans passionnés à travers le monde, et ils ont même fini par se produire dans de grands festivals comme le Hellfest en 2019. On entre dans cet univers ou pas, on accepte de pénétrer dans ces lieux obscurs ou on s’en détourne. Et j’avoue que j’ai marché. L’impression de lourdeur et de lenteur extrêmes surprend au départ et puis je me suis laissé aller, attention le voyage n’est pas de tout repos, les turbulences sont violentes à coup de guitares saturées, les basses ronflantes vous remuent les entrailles mais le rythme répétitif finit par être obsédant voire hypnotique ; peut-être l’influence de la musique orientale voire indienne sur leur musique ? Le sentiment d’enfermement, de claustrophobie est intense et même d’horreur par exemple dans « It took the night to believe ». Tout est là pour vous emmener, loin, très loin et le retour n’est pas assuré. J’imagine que pour ce groupe qui considère le studio comme un laboratoire, c’est en concert que leur musique doit prendre toute leur dimension afin que l’expérience soit complète. Ils se produisent d’ailleurs drapés dans de grandes capes qui les rendent largement méconnaissables puisque seule importe la musique créée à l’instant et la sensation ressentie par le public, rien d’autre.