Outre l'impact historique indéniable de notre intéressé et de son successeur, il convient de revenir sur cet album qui, même si reconnu, ne l'est pas assez à mon goût. Certes je suis musicien, de jazz de surcroit, et force est de constater que les qualités musicales sont finalement un élément assez peu pesant dans les critiques ironiquement dites musicales. Si la jam session vous emmerde, je ne sais pas… Tirez vous au ciné ou un truc du genre.
Oui, cet album est littéralement une jam session de 40 minutes. Et c'est beau, c'est ça qu'on adore, un véritable vestige de son temps et témoin de l'univers musical vivant de l'époque. Le phénomène de la jam session semble d'ailleurs revenir sur le devant de la scène depuis ces dernières années. La cohérence globale de l'œuvre? Rien à redire. Elle est indissociable et l'album s'écoute d'une traite telle une sonate où aucun mouvement n'est de trop.
Les qualités purement musicales de notre quatuor sont d'autant plus impressionnantes quand on sait que l'album fut enregistré d'une traite. Un Ozzy absolument toujours juste (et connaissant le bonhomme ce n'est pas une mince affaire!), un Iommi réputé riffeur qui cependant s'exprime ici avec une grande virtuosité soliste (il faudra attendre Technical Ecstasy pour revoir autant d'audace), un Butler à la pointe de la créativité qui sans trop s'en rendre compte, révolutionne la manière de jouer de la basse, et un Ward qui brille par son jeu de toms endiablé.
Butler se révèle également humble poète de cet album, fortement influencé par l'imagerie chrétienne et la crainte du diable. La qualité des paroles reste cependant un cran en dessous de l'écriture musicale pure, reposant principalement sur le riff.
Si la production est sommaire, brute, c'est pour moi une qualité. Une simplicité qui ne cherche pas à rivaliser avec des prises déjà propres, et une spatialisation changeante qui contribue à cette atmosphère étrange, renforcée par une pochette qui correspond parfaitement à l'ambiance de l'album, et profitez en, une belle pochette est denrée rare chez Sabbath.
En conclusion, un album qui même s'il eut moins d'impact culturel que Paranoid, reste pour moi musicalement supérieur à ce dernier. Un album à écouter et à réécouter, réévalué à sa juste valeur.