Ouf, elle n'a pas mis longtemps finalement pour nous revenir, Melanie de Biasio. J'avais découvert cette chanteuse d'un jazz aux frontières de l'exploration et de l'expérimental à l'occasion de la découverte tardive de son second album. No deal ouvrait des dimensions fascinantes entre la mélodie et le silence, le su et l'inconnu et l'album ne figurait pas pour rien dans mon top musical perso 2014 (alors qu'il est de 2013). Au vu de la richesse de ce disque, on se demandait bien comment elle parviendrait à nous surprendre la prochaine fois.
La réponse est simple : en changeant plus ou moins de direction.
Plutôt qu'explorer des chansons partant dans plusieurs voies à chaque fois, La chanteuse et flûtiste s'entoure de ses fidèles mais propose une seule piste de 25 minutes, une "suite" musicale, Blackened cities (la pochette est sublime, entre nous), inspirée par l'année de tournée qui suivit la parution de No deal et de nombreuses cités industrielles traversées. Mais contrairement à ce qu'on pourrait penser, la musique n'est pas si sombre que les cités traversées.
Il y a du vent qui s'engouffre dans les immeubles et bientôt la voix de Melanie qui traverse le décor, zigzague, sinueuse, dans la mélodie. C'est du jazz mais sans les atours habituels du jazz : Ne cherchez pas trompette ou saxo, il n'y en avait par exemple déjà pas au précédent album, il n'y en a pas ici non plus. On retrouve par contre basse, batterie, piano qui forment une ossature en presque continu avec même du synthé et de l'écho entrecoupés de silences. Une musique donc aventureuse et qui aura de quoi vous surprendre si vous tentez le voyage. L'ombre de Brian Eno plane régulièrement ici sur ce disque trop court mais tellement bon qu'on y revient régulièrement.