Rude tâche que celle du deuxième album. Mais connaissant Steven Wilson, le perfectionnisme n'est jamais à cent mille lieues de nous. Et avant même de parler de perfection, nous savons que la qualité sera au rendez-vous.
Souvenir ambré, souvenir boisé. Blackfield est un projet formé par le leader pré cité du groupe Porcupine Tree associé au talentueux chanteur israélien Aviv Geffen. Et allez savoir pourquoi les louanges sont sans cesse dédiées à Wilson alors que.. La belle part dans ce groupe reste à Geffen, compositeur génial, sensible, extravagant et mélancolique. Une sorte de double de Wilson, la touche pop en plus. Charming.
Que vaut cette deuxième fournée signée Blackfield ? Sommes-nous toujours plongés dans cette atmosphère intimiste, chaude, un poil lugubre comme à l'écoute de Glow ou de Summer ? Ces gars ont viré de bord, sans se perdre. Déjà la pochette est très urbaine, presque délabrée, et se détache de l'univers "solitaire" dans lequel nous étions transportés à l'écoute du premier album. On se sent moins déconnecté du monde dans ce deuxième opus, moins.. loin de tout. Cette musique est en quelque sorte plus proche de nous (musicalement), mais elle s'éloigne justement de notre espace personnel le plus intime et le plus profond. En clair, il manque une petite touche de poésie, de fantasque, un grain en moins. Quelque peu décevant et frustrant étant donné la production très lisse et puissante (la meilleure à ce jour) et les arrangements somptueux (les cordes notamment, surtout sur la très réussie My Gift Of Silence).
Ce qui est moins dommage c'est qu'on retrouve sur ce très bon Blackfield II trois des meilleures chansons du groupe. Et il est drôle de remarquer qu'elles résument à elles seules le disque puisqu'elles ont été respectivement composées en duo pour la première, par Geffen pour la deuxième et Wilson pour la dernière. Une sorte de résumé concis et parfait de l'oeuvre : The End Of The World sonne comme un hymne, un final en apothéose. La paralysie nous guète sur Epidemic, très angoissante, d'une profondeur à en faire frémir, en clair un véritable diamant taillé par Geffen. Autre petite perle (probablement ma préférée), Once, qui est une véritable synthèse de la musique de Wilson. Peut-être la chanson qui représente le mieux le style du musicien et son travail depuis déjà quelques décennies. Ritournelle.
Ces deux gars là ont un sacré don. Le don de nous emporter avec eux, avec leurs souffrances, leurs joies, leurs émotions. Et sans bien entendu surpasser leur premier opus, Geffen et Wilson ont simplement continuer intelligemment leur chemin. Quittant le champ noir, ils ont entamé le pas dans cette ville où la fin du monde est proche, pour enfin s'échapper dans les cieux. Welcome To My DNA au tournant.
9/10
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