BLACKsummers’night par Bobby_Milk
Parmi toutes les astuces pour séduire une femme et rendre votre invitation irrésistible, il y a le fait de dire que vous venez d'acheter le nouvel album de Maxwell. Solution infaillible qui donne immédiatement un goût sucré aux papilles et qui rendra accroc quiconque le goûtera. Vous pensiez vous aussi que les grands de la scène Nu Soul étaient en voix de disparition et bien ce n'est pas tout à fait exacte, c'est juste qu'ils aiment nous faire languir. Une fois l'inspiration revenue ils sortent, comme si de rien n'était, un petit bijou en guise d'album. Jill Scott l'a démontré il y a deux ans, tout comme le come back de la douce Erykah Badu qui a émerveillé le monde avec "New Amerykah Part One". Du côté masculin on devrait réentendre normalement, pour notre plus grand bonheur, les voix de D'Angelo et Bilal qui seraient en préparation de leur album respectif. Cette attente soignée est l'une des raisons pour laquelle la Nu Soul est un courant musical si régulier artistiquement, qui ne se travesti pas, qui reste élégant et bien souvent de grande qualité. En tout cas une chose est sûr, Maxwell est le premier à revenir dans les bacs après pas moins de huit années d'absence! "BLACKsummers'night" est l'aîné d'une trilogie discographique qui prendra forme au rythme d'une sortie par an.
L'appréhension de cette réapparition soudaine a vite été évincé lorsque le single "Pretty Wing" a commencé a circulé. Délicate et sensuelle, cette balade a conquis sans forcer les portes de nos coeurs grâce à cette mélodie enchantée rappelant les boites d'enfant qu'on remonte mécaniquement pour qu'ils puissent siester paisiblement. C'est le même envoûtement qui se dégage ici, ajoutez-y ces trompettes au zénith de son harmonieux chant et vous obtenez la du grand Maxwell, un délice sans sucre ajouté.
Évidemment sur la majorité de l'album on est relaxé par cette ambiance tamisée et ces textes abordant de différentes façons l'amour, celui avec un grand A. Qui d'autre que lui peut aussi bien exprimer la tristesse d'une rupture en si peu de mot comme c'est le cas sur le profond "Playing Possum", de tenter de percer les mystères des femmes et leurs réactions ("Cold"), ou bien de définir aussi sublimement une relation fusionnelle comme sur ce chef d'oeuvre qu'est "Bad Habits", écrit spécialement pour sa compagne du moment. Emporté par son orchestration très cuivrée, ses 9 chansons ont une classe sans pareil.
Pour ceux qui penserait s'endormir sur un ensemble de chansons romantiques monotones, détrompez-vous, on peut aussi les aborder de manière plus explosive: suffit d'écouter "Help Somebody" ou le touchant "Fistful of Tears" pour en être convaincu. Maxwell est un crooner qui n'a rien perdu de son charme, en prenant de l'âge il transpire de ses chansons une atmosphère 'costard cravate/verre de vin rouge à la main' et des émotions d'une plus forte maturité que celles qu'on percevait dans ses anciens albums. Ses chants, sa voix ont eux aussi pris du charisme, sur "Love You" et "Stop The World" en plus de jouer la carte de la séduction côté texte il hypnotise avec ses intonations et ses poussées de voix. On est dans un univers plus glamour, qui groove moins certes, mais qu'on écoute tout autant sous la couette pour se réchauffer. C'est sur une instrumentale funky ("Phoenix Tise"), absorbée de gros synthés, que nous laisse Maxwell avec son trop court "BLACKsummers'night". Peut être un avant goût de ce qu'il nous prépare pour l'année prochaine, on attend ça...