Voilà le genre de groupe qui me rappelle pourquoi j'aime la musique.
C'est ce groupe qui me prend par plaisir, au détour d'une mélodie, au détour d'un souffle, et me fait déposer les armes, lâcher une larme sur le drapeau blanc sans que je m'en rende compte. Cette musique hante le coeur et le corps jusque dans le silence. Les mélodies résonnent dans la tête encore et encore, comme des perles s'entrechoquant dans une main gantée de velours. L'émotion est intense, elle transpire de chaque note et flotte dans l'air, insaisissable. Ce qui fait la force de leur musique, c'est cette capacité à partir de l'immobilité pour atteindre le vertige de l'immensité, comme la toupie qui sort de son axe. Je suis déséquilibré, perdu, écrasé par le poids de l'Univers et en même temps irradié et délivré par la lumière implosant dans mon âme, soumise et se reflétant dans les miroirs de mes blessures passées et futures.
Beach House frappe là où il faut, quand il le faut, avec habileté et le geste léger de celui qui sait y faire. Si Mohammed Ali écoutait ce groupe, il dirait probablement que leur musique vole comme un papillon et pique comme une abeille.