Après le suspense qui précédait sa sortie et une certaine impatience de ma part, je ne peux vous cacher qu'à la première écoute de Blues Funeral j'ai eu peur en découvrant un son électronique inhabituellement envahissant. Et à certains passages, j'ai dû m'exprimer un peu : "Mais bordel qu'est-ce qu'il nous a pondu ?" ou bien "C'est quoi ce vieux son Bontempi ?" (cf. dernière piste).
Ça c'était ma réaction à chaud. Fallait que ça sorte. Maintenant tempérons.
Oui j'ai eu les jetons, car depuis le début notre homme était associé au rock, au blues, aux ballades de crooner et au gospel. Depuis un bon moment j'écoute tout ce que le bonhomme à la voix de cailloux a bien voulu hanter. Sa carrière solo est un sans faute, ses apparitions au sein de QOTSA sont un vrai bonheur, et si parmi ses nombreuses collaborations quelques chansons sont fadasses, on le reprochera d'abord aux véritables responsables comme Isobel Campbell dont la recette charmante (un duo entre la belle et la bête) s'essouffle un peu sur le troisième album Hawk.
Après un Bubblegum qui rockait sa mère, le retour du Mark Lanegan Band sous-entendait pour moi du méchant bien lourd qui tâche. Mais je me suis trompé. Le blues a fait des concessions et revêt un habit électronique aux multiples teintes : des influences de new wave (Ode to Sad Disco), des ambiances et l'omniprésence du thème religieux qu'on sent inspirées de la collaboration avec les Soulsavers.
Pour autant Mark Lanegan ne coupe pas les ponts avec sa bande de potes et c'est avec une ribambelle d'invités qu'on sent une référence permanente à Bubblegum : Dave Catching, Josh Homme (désormais surbooké, il apparait sur Riot in my House uniquement) et l'incontournable homme de l'ombre Alain Johaness aux manettes. Quant aux amateurs de voix rocailleuse, ils auront plus que jamais leur dose car Mark continue d'avaler ses 12 m³ de gravier au p'tit dej'.
Contrairement au reste de la discographie qui s'aborde facilement sans jamais lasser, et à l'instar des plus grands disques, cet album s'apprécie comme un bon whisky : en prenant son temps (et Dieu sait si Mark Lanegan aime le bourbon). C'est pourquoi je serai peut-être amené à augmenter ma note dans les semaines à venir.
Mais Mark, entre nous, c'est quoi ce vieux son Bontempi ?