Depuis ses origines le rap a été une musique de protestation contre les inégalités et l'injustice sociale, comme l'a été la folk en son temps, puis la funk d'où est directement issu le rap. Cependant en 1994 les rappeurs sont passés à autre chose, s'intéressant davantage au grosses voitures, aux putes sans cervelles et à cette pseudo-guerre east coast/west coast. Ce ceci sous l'impulsion de géants du hip-hop 2pad, Snoop Dog, Notorious Big… Et il ne reste déjà plus grand chose de ce qu'on appelle généralement le rap conscient.
Ah ah! Et ben non! Surprise motherfucker! Ce genre continue à perdurer grâce à des formations plus confidentielles mais non moins talentueuses. Un des meilleurs exemples de ce mouvement c'est les Fugees. Grace à Kool and the Gang (rien que ça) qui leur met le pied à l'étrier, ils sortent en 1994 un premier album super vénère aux influences multiples.
Les trois membres du groupes parlent vrai et parlent bien. Les textes sont sans concession contre le racisme ordinaire. Pour ne prendre qu'un exemple qui est particulièrement intéressant, "Temple" parle du racisme qui règne dans la communauté catholique, certain blancs ne considérant par leur coreligionnaires comme tel mais comme des noirs. Ou l'hypocrisie d'une religion avec de grand principe, un problème dont il est rarement question dans le rap, mais qui réellement.
Si cette question touche particulièrement les Fugees c'est qu'ils sont d'origines antillaises, où la religion à une emprise assez forte. C'est aussi une région avec une culture musicale très riche allant du reggae au calypso en passant par la soca. Une influence qui se ressent netemment sur leur premier album, comme sur "Vocab", uniquement constitué de deux lignes de guitares acoustiques dont la douceur contraste avec la puissance des voix des trois chanteurs.
Un excellent qui n'a pas connu le succès à sa sortie, sans doute parce qu'il n'était plus dans l'ère du temps. Ou bien à cause de son originalité indéniable à laquelle le public n'a pas adhéré. Mais mi je le dis, il n'est jamais trop tard pour reconaitre qu'un album est un des plus réussi de sa décénie, et il faut absolument le dire de Blunted on Reality.