Repéré parmi les espoirs via un article des Inrockuptibles en fin 1994, Miossec sortit Boire en 1995 et dont le premier extrait "Non Non Non Non (Je Ne Suis Plus Saoul)" passait sur les ondes et en un clip présentant un chanteur accompagné de deux musiciens guitaristes, tous attablés au fond d'un troquet. Cette première chanson semblant banale mais attachante cachait toute une rue de bars, de déboires, de déambulations sentimentales et d'imbriaques âmes en perdition dans des textes imbibés de beautés usées et de trivialités douloureuses.
Boire regorge de morceaux qui ont marqué dès leur première écoute, comme "Crachons Veux-Tu Bien", "Recouvrance", "Des Moments De Plaisir" et "La Fille À Qui Je Pense", titre repris à Johnny Hallyday. D'autres se sont révélés touchants tels "Évoluer En 3ème Division", "Gilles" et "Combien T'es Beau Combien T'es Belle". Un chant, que des six cordes mais tout de même un piano par-ci et du violon par-là. Des chansons garanties sans batterie, ce qui donne l'impression qu'elles flottent comme des volutes métamorphosées en des songes des comptoirs.
À l'époque, Miossec était souvent vu comme un trio écumant de plus en plus les salles de concert, dopé par un effet bouche à oreille doublé d'un engouement non feint, entrant alors dans la scène du rock français comme une révélation sûre. Christophe Miossec avec ses potes, Guillaume Jouan et Bruno Leroux, sans oublier Olivier Mellano qui avait rejoint la troupe pour la route, était loin d'être un sage comparé au Miossec d'aujourd'hui dans les salles pour l'avoir vu alors il y a désormais un quart de siècle bien brassé.
Si Boire sonne maintenant un peu comme des bouteilles tristement vides, le flux brûlant alcoolisé épuisé par tant d'écoutes, il en était autrement jadis, quand la soif des esgourdes ne semblait jamais se tarir.
PS : "La Vieille", ça ne parlait pas du phare du même nom ?