J'ai la tête très encombrée de pensées, de réflexions, sur l'art, la vie, les femmes, les hommes, la nature, sur Dieu aussi, évidemment. J'analyse toujours tout, comme une sorte de scientifique de la vie qui trouve plus de questions que de réponses, perdu entre l'absolu et la réalité.
Mais quand j'écoute certains morceaux du motard viking, tout s'efface. J'ai l'impression d'entendre une voix qui vient, non pas du ciel, mais du plus profond de mon être, comme si une vérité incommunicable jaillissait. Dead as yesterday... son petit rire au milieu de la chanson, les quelques coups sur le corps boisé de la guitare. Ce n'est même pas parfait, c'est divin. Sa reprise de Come Together... , sa version acoustique de Machine Gun Man. Ou encore Sold my Soul, ces solos... Nom de Dieu, ces solos... Cette virtuosité inouïe au service d'une force supérieure, cette expérience mystique de la beauté totale.
J'ai découvert Zakk Wylde, puis Black Label Society, vers mes vingt ans. Aujourd'hui j'aime beaucoup moins de titres, j'aime pas la tournure de sa carrière, il devient gentil sur Book of Shadows 2, son Metal est devenu de commande sur les autres albums, et avec le recul, tout n'est pas très inspiré à ses débuts non plus. Il y a du beauf chez Zakk Wylde.
Mais quand il débarque à la radio pour livrer une version acoustique de We Live No more et qu'on doit se manger en guise d'intro trois minutes de solo quasi-parasite, bordel que ça reste quand même un moment de gloire, avec sa voix qui vient du coeur, son chant parfois nasillard et presque malpropre, qui me font vibrer comme si ce gars-là avait tout compris à la vie. Avec son son de guitare, ses compos par forcément sophistiquées mais charriant une lourdeur enveloppante, authentique.
Ce gars-là touche parfois à une sagesse musicale, et depuis qu'il est jeune !, qu'un Johnny Cash a atteint vers la fin de sa vie, et il y ajoute de la puissance, du terroir, de la salive et de la bière, dans un mélange qui me déchire entre la terre et le ciel.