Mon Dieu que ce film est chiant.
En dehors d'illustrer graphiquement de manière impeccable les romans de Tolkien, Peter Jackson passe à côté du texte pour livrer une version Walt Disney. Où est la violence de LotR, où est son horreur ? Ici c'est grand public, sucré et grassouillet. Et encore... Avec Jurassic Park, Spielberg fait monter la tension tout en visant un public familial. Là le problème est ailleurs, dans le manque évident de maîtrise des outils de cinéma.
La somme de détails du récit d'origine passe à la trappe pour des travellings grossiers. Il aurait fallu une voix off comme Casino pour raconter l'univers de Tolkien, Jackson lui ne fait que filmer, enchaînant les plans au lieu de synthétiser en une scène. Malheureusement la trame est trop pauvre pour captiver, c'est la narration du roman qui fait le sel de l'oeuvre. L'enchaînement des plans ne raconte que de la surface. Ainsi comment montrer que les héros parcourent du pays ? En mettant l'un derrière l'autre des plans où ils marchent. Bon, là on a montré qu'ils marchaient beaucoup, on peut passer à autre chose.
Jackson s'attarde lorsqu'il devrait sabrer, sabre quand il pourrait prendre son temps. Certaines scènes perdent tout potentiel à cause de ralentis. Les cavaliers noirs notamment, je trouve les scènes plates et sans tension car toujours ou presque au ralenti. Jackson appuie quand il devrait au contraire jouer la sobriété, laisser planer le doute et le mystère. Mais non, filmons les monstres en gros plans tapageurs, cavalier noir la nuit avec une grosse lumière artificielle dégueulasse pour le mettre en valeur.
Puis il y a aussi des passages incompréhensibles. Notamment lorsque Frodo est face à un cavalier noir. Le cavalier met une plombe à approcher sa main vers l'anneau. Frodo devient invisible. Le cavalier prend alors tout son temps pour armer son bras puis enfoncer son épée (oui il ne donne même pas un coup). N'importe quoi. J'imagine que Jackson, voulant faire monter la tension mais ne sachant pas comment s'y prendre de manière crédible, à allonger inutilement ce passage.
Tolkien croyait à la réalité de son univers, il y a injecté de ses expériences et traumatismes personnels. Ici ce n'est que fiction cinématographique. Les monstres ne font peur qu'aux héros, les jeux de lumière gras et grossiers rendent l'image et le récit artificiel. Un film qu'on regarde en engouffrant du pop-corn.