Born and Raised par alfextra
Après 3 années d'une insupportable attente, il est là, enfin. "Il", c'est le nouvel album de l'un des artistes que j'affectionne le plus, le dénommé John Mayer a qui j'avais déjà consacré un focus il y a de ça un an maintenant. Encore peu célèbre en France où il est davantage connu de la gente féminine pour sa relation avec l'ex star de Friends, Jennifer Aniston, Mayer est pourtant l'un des meilleurs compositeurs et guitaristes de sa génération. Digne successeur des B.B. King, Jeff Beck et autre Eric Clapton qui ont marqué d'une pierre blanche l'histoire de cet instrument mythique qui a amené Jimi Hendrix à la postérité.
John Mayer, fan absolu de Stevie Ray Vaughan (un homme qu'il a dans la peau, au sens propre et figuré, si bien qu'il a poussé le vice jusqu'à se faire tatouer ses initiales), a depuis ses jeunes années travaillé sa technique pour devenir l'un des tous meilleurs au même titre que son contemporain Jack White (si bien que le magazine Rolling Stone l'avait cité, en 2007, parmi les "New Guitar Gods", pas besoin de vous traduire je crois, que vous soyez Shakespeare ou non). Avec déjà 5 albums depuis 2001 et la sortie de Room for Squares, Mayer prouve qu'il n'est pas le seul coureur de jupons que la presse américaine aime à nous faire croire, mais bien un véritable musicien de talent. Délaissant peu ou prou le public essentiellement féminin de ses débuts puisqu'il faut l'avouer, quand on chante You're Body Is A Wonderland, on se doute que l'on ne va pas attirer les camionneurs du coin (ne vous offusquez pas les gars). Si deux, trois morceaux ressortaient déjà à l'époque, le vrai tournant artistique est apparu avec Heavier Things et surtout Continuum, album encensé par la critique, puisqu'il faut l'avouer, c'est clairement l'un des meilleurs albums du début des années 2000 à mon sens. Au fil des années, le natif du Connecticut s'est transformé, passant d'un chanteur pour midinettes à un auteur et compositeur blues/rock émérite, raflant de nombreux prix (7 Grammy Award quand même sur 18 nominations) et jouant avec les plus grands (B.B. King, Eric Clapton, Buddy Guy, John Scofield et... Taylor Swift... oui bon, passons, même les plus grands ont leurs faiblesses finalement...).
Le virage musical observé en 2006 avec Continuum s'est révélé gagnant. Les fans ont afflué, attirant un public divers et varié mais dorénavant composé également de mélomanes. Mayer a enchaîné les tournées américaines dans des salles toujours plus grandes (il a d'ailleurs joué au Madison Square Garden lors de sa dernière tournée) et toujours bondées. Ses passages en Europe se font rares, eux, malheureusement. Le trentenaire bénéficie simplement d'une certaine réputation en Angleterre, aux Pays-Bas et au Danemark... Autant dire que le voir débouler dans la Ville Lumière (NDLR : Paris) relève du miracle. Après Continuum et quelques morceaux géniaux (Belief, Gravity, Vultures, I Don't Trust Myself, etc.), le chanteur a à nouveau pris un tournant musical en sortant Battle Studies, finalement plus proche des deux premiers albums du chanteur. Aussi, si quelques morceaux sont excellents (notamment Assassin), le disque reste hétérogène et m'a quelque peu déçu avec ce retour en arrière.
Autant dire que les espoirs que j'ai placé en Born And Raised étaient énormes. Je n'avais qu'une hâte, retrouvez le Mayer de Continuum. Bien mal m'en a pris, voilà que l'Américain a encore décidé de revoir ses gammes (au moins, une chose est sûre, il ne se base pas sur ses acquis contrairement à de trop nombreux artistes). Born And Raised, un titre finalement évocateur pour l'idole de ces dames. En effet, Mayer a grandi et continue de grandir d'album en album.
La blues/pop voire folk contraste avec la pop plus commerciale (à mon sens) de Battle Studies, son avant-dernier disque et nous fait découvrir Mayer sous un jour nouveau, à l'instar de la sortie de Continuum quand le jeune homme d'alors était passé d'un chanteur pour adolescentes à un génial songwriter et compositeur.
Les 13 pistes de l'album alternent les genres, l'orchestration me semble plus pointue, L'Américain oscille surtout entre le blues et la folk sur les premières pistes qui nous rattachent inéluctablement à l'Amérique retranscrite par Sergio Leone dans ses westerns. Queen of California et The Age of Worry ouvrent les hostilités, j'apprécie les titres aux sonorités pop/folk. Shadow Days, le premier single de l'album me rappelle des titres antérieurs de Mayer. Le clip, filmé à Monument Valley est superbe.
Speak For Me continue dans le registre folk avant Something Like Olivia qui redonne toute sa place à sa fameuse gratte électrique avec son riff et son petit solo accompagné par les choeurs, j'aime beaucoup.
Born And Raised commence avec ses notes d'harmonica (une première chez Mayer, à ma connaissance), quelques accords simples de guitare, des textes toujours plein de nostalgie et pas franchement joyeux (presque une constante chez le chanteur qui aborde toujours les moments durs de la vie avec délicatesse et poésie depuis Continuum), mais passe (très) bien.
If I Ever Get Around To Living, chanson autobiographique, poursuit notre ballade, et enchaîne sur la douceur de Love Is A Verb.
Walt Grace's Submarine Test, January 1967 (ca y est j'ai une crampe maintenant...) commence avec quelques notes de trompettes, l'allure jazzy est très vite secondée par le blues présent sur chacune des chansons de l'album, les caisses en arrière fond donnent un côté militaire à la chanson, la voix de Mayer est excellente et le morceau est réussi.
Whiskey, Whiskey, Whiskey (un titre qui plaira aux alcooliques) est assez déprimant et précède A Face To Call Home, qui me plaît bien avec sa montée en puissance finale. L'album s'achève sur une seconde version, beaucoup plus folk de Born And Raised et Fool To Love You qui ponctue finalement très bien le nouveau disque de John Mayer.
Born And Raised ou le retour de John Mayer. Après une première écoute qui m'a quelque peu déçu (où est donc passée cette fichue Stratocaster ?), je suis finalement très vite revenu sur mes paroles. En se renouvelant encore une fois totalement, en changeant de look (passant du gendre idéal à celui de cow boy), Mayer transgresse les codes et n'hésite pas à se remettre en question pour nous faire oublier son semi-échec, Battle Studies, qui fut bien en deçà de Continuum. Avec son nouvel album, le natif du Connecticut noue avec le blues américain une vraie complicité qu'on semblait ignorer. Merci M. Mayer de nous corriger ! Pour plus d'infos, retrouvez le site officiel de John Mayer ainsi que ses pages Facebook et Twitter.
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