Dès le début l'album s'affiche comme un retour aux sources, mieux encore une quête originelle. La pochette arbore ainsi un masque taillé dans la pierre, comme si il avait (presque) été toujours là, et une tablette antique : Pas de l'art premier mais quasiment, du "hip hop premier" (?). L'intro va dans le même sens, commençant par un sample puis un beat, puis un deuxième sample et finalement une montée en puissance. Les premiers lyriques se font attendre, après tout c'est là que MF doom a toujours aimé briller. Sur Born like this pourtant, ce sera la voix, la tonalité et la texture de celle ci qui en seront la signature. Chaque morceaux s’enchaînent, une accumulation laborieuse de samples, d'instruments travestis et de beats minimaux tous plus réussis les uns que les autres. Ils fonctionnent comme une accumulation qui en devient sourde; le retour aux origines musicales est donc plus réaliste que jamais, fonctionnant comme les échos d'un souvenir de hip hop perdu. Au milieu de ce chaos ce maintient une tonalité : la voix (comme un personnage à part). Face à une déformation volontaire des traditions (sans pour autant s'en affranchir) la voix, elle, en revient aux bases même du hip hop : tenir sans flancher, garder le rythme et ne pas se détacher du beat. Si c'est d’abord le fonctionnement du hip hop que je décris là, il semblerait que ça vaille aussi pour la vie de MF doom : mort du frère, du père et ensuite du fils, tous accompagnés de dépressions et de potentielles alcoolémies... Pourtant MF doom continue, non sans relâche il est vrai.
Cette mise en parallèle n'est pas innocente, les rares moments où la voix flanche; comme lorsque MF doom s'essai au chant sur that's that; elle s'adresse directement à nous, entre excuse et vantardises : à la façon d'une confession trop pleine de regrets pour pouvoir être toute exprimée. L'idée ici n'est donc pas de développer une histoire de super vilains ni d'imaginer un rap de cuisine mais "simplement" de donner une sensation générale. Celle d'une destruction presque totale, un effondrement en cours dont la seule barricade est la voix. La voix sauve MF Doom de sa fatalité, c'est tout ce qu'il connait, le reste il l'oubli lentement. Sa voix est tantôt un déferlement de colère (Yessir; Rap Ambush...) et tantôt un chemin d’aveux (Angelz, That's That , Thank Ya...). L'intérêt ne se situe donc pas dans une espèce de bonne recette du hip hop comme pouvait l’être Operation Doomsday, non ici c'est une expérience générale qui dépasse même le bête concept album. C'est une quête d'ordre dans un séisme basée sur un retour à des origines perdues.