Voilà un petit album signé par un certain Quasimoto. Quand vous tapez son nom sur google tout ce que vous trouvez c'est le dessin d'un cochon humanoïde jaune souvent accompagné d'une brique rouge. En fait ce petit être sûrement croqué sous champignon magiques c'est l'alter ego faussement comique de Madlib. Bon, Madlib c'est un peu plus connu, c'est un artiste de Hip-Hop américain qui faisait parler au début du siècle pour sa façon unique de mêler le lofi, le jazz et le hip hop.
D'après les critiques Madlib ne vaut pas grand chose parce que, paraît il, A Trib Called Quest faisait comme lui vingt ans avant, en particulier car il utilise lui aussi le jazz et la soul comme base à beaucoup de ses productions...
Ce sur quoi je suis tous sauf d'accord : chez Madlib l'utilisation du jazz ce traduit non pas dans le choix des instruments utilisés mais dans la rythmique de moins en moins découpée. Il va piocher au fondement même du jazz (notamment dans la notion d'impro) pour créer un hip hop mélodique et non plus mécanique.
Le lofi chez Quasimoto n'est plus une excuse pour étaler sa culture underground mais devient une couche de texture sonore supplémentaire. Les défauts d’enregistrement qui semblent se répandre sur tous les morceaux deviennent une façon de tenir un peu plus la pédale de sourdine, la voix tirée d'un cartoon inconnu qu'on entend en fond de mélodie est comme un accord unique.
Nous en venons alors au gros de mon argumentation sur le génie de Madlib retranscrit à travers un Quasimoto fictif. Madlib atteint dans cet album une réelle recherche de la texture du son et de son sens dans l'absolu. L'invention Quasimoto sert non seulement à justifier une voix pitchée qui se prête finalement parfaitement à chaque instrumentalisation mais surtout à explorer la musique. Quasimoto c'est la curiosité de chaque artiste, une curiosité un peu honteuse mais qui pourtant porte vers des créations de génie. Quasimoto c'est ce mi-ange mi-démon que l'on cache tous dans notre tête : Quasimoto ce n'est plus le rappeur, c'est l'être humain !
Ainsi Madlib atteint une forme universelle, une forme humaine. Dans ce medium faussement social qu'est le rap, qui aurait crut qu'un cochon jaune serait l'emblème de l'humain.
Il réside dans les créations de Madlib une essence humaine (et non pas humaniste) qu'il est selon moi le seul artiste à avoir atteint de manière aussi exemplaire.
A retenir : une humiliation tout en douceur pour les rappeurs "conscients"; des sonorités lofi mais sensées et des paroles solides mais perdues.