Comme souvent avec The National : des chansons d'une beauté mélancolique et tranquille, torturée juste ce qu'il faut. C'est probablement l'album le plus intimiste et sombre du groupe. Il a aussi quelque chose de sobre, presque concis, autant dans les chansons prises individuellement – maîtrisées, mesurées – que dans l'effet général. Peut-être parce que le ton et l'atmosphère sont homogènes, constants. Les titres se suivent avec délicatesse.
Le son est propre, certes, mais habité. Grave. La batterie de Bryan Devendorf, prenante et précise, qui souligne avec tension la voix profonde et feutrée de John Berninger, n'est pas étrangère à cet effet. Quant à l'écriture de Berninger, allusive et malicieuse, elle évoque avec simplicité les tourments de la vie et des relations humaines (« Hold ourselves together with our arms around the stereo for hours / While it sings to itself or whatever it does / When it sings to itself of its long lost loves»). Personnellement, j'affectionne particulièrement Slow show et Ada (« Ada, don't talk about reasons / Why you don't want to talk about reasons / Why you don't wanna talk »).
Boxer est un album qui fait se sentir vivant et seul mais mystérieusement compris – qui donne envie de rouler la nuit, vers nul part, et se laisser submerger par le poids et la douceur de l'existence.