Grusin, 90 ans aujourd’hui et Ritenour sont 2 musiciens que j’aime particulièrement. Ils se connaissent maintenant depuis plusieurs décennies et ont souvent eu l’occasion d’enregistrer et de tourner ensemble. On se souvient par exemple de « Harlequin » en 1986 (déjà d’inspiration brésilienne) ou encore « Amparo » en 2008 (dans une veine plus classique). Ritenour a aussi souvent participé aux B.O. de Grusin. Leur complicité et complémentarité sont donc totales. Les 2 sont des passionnés du Brésil, ses musiques et sa culture, Ritenour en particulier qui a consacré à ce pays plusieurs albums (« Festival » par exemple en 88 ou « A twist of Jobim » en 97) et sa femme est originaire du Brésil. L’occasion est donc à nouveau venue pour le duo d’explorer les musiques brésiliennes, pas seulement la bossa-nova, entouré de musiciens du pays, le batteur Edu Ribeiro, le bassiste Bruno Migotto et le percussionniste Marcelo Costa. La chanteuse Tatiana Parra apparaît sur trois morceaux. L’harmoniciste suisse Grégoire Maret est aussi de l’aventure. Le duo revisite 2 morceaux de Milton Nascimento, « Cravo e Canela » et « Catavento » qui ont beaucoup marqué Ritenour dans les années 70. Antonio Carlos Jobim est présent à travers la reprise de « Stone Flower ». Ça joue magnifiquement bien, ça va sans dire, la production est hyper soignée mais voilà, je n’ai pas été totalement transporté par les 2 compères, un air de « déjà entendu » peut-être, une veine qu’ils ont déjà creusée dans le passé et j’avais préféré « Harlequin ». La formule de la guitare et du piano en avant m’a fait penser à certains morceaux du Pat Metheny Group (que j’adore). Pour la surprise, on repassera donc, j’aurais aimé que ça s’envole à certains moments mais non, ça reste pro et sans débordement. « Brasil » reste un album agréable, parfait pour les soirs d’été (ou d’hiver pour se réchauffer un peu !). Grusin et Ritenour repartent en tournée cet été et sont passés par le New Morning à Paris, et là, pas d’hésitation, car leur prestation était tout simplement fabuleuse. On est illico parti au Brésil avec le répertoire majoritairement tiré de cet album (et y mêlant aussi « Harlequin ») et le duo était accompagné par un groupe auquel s’est jointe Tatiana Parra qui a apporté une touche brésilienne extraordinaire. Une soirée de grande classe, Ritenour reste bien un des plus grands guitaristes de sa génération !