"Show me the way-y-y-y out."
C'est ça, la formule magique de Brodinski. Brusquement, quand il entre sur scène, ça y est, toute la foule s'enflamme et s'agite, battant comme un gros cœur avide de sons électroniques et d'un rap qu'il est allé chercher là-bas, aux USA. On sort. On est autre part. C'est pas habituel, et c'est pour ça que c'est enivrant.
J'ai participé à la Brava Release Party, à Lille, où Brodinski présentait, dans un set majestueux, son dernier album. C'était dantesque. De "Brava", je ne connaissais que "Can't Help Myself" (mon son préféré de la compilation Homieland de Bromance) et "Us", dont le clip était sorti quelques jours avant ce concert. Moi, "Us", elle m'a fait rêver, je la voyais comme une grosse bulle qui tremble au contact des basses, et puis le clip, bon, voilà.
Je suis que dalle objective quand il s'agit de Brodinski. Je le trouve beau, talentueux, 'fin la totale. Je suis amoureuse. Brodinski, c'est Bromance, c'est le renouveau de l'électro française ("Nous Sommes 2014", ah, la belle époque), c'est le mec qui s'enjaille sur scène, qui allume toute la foule, qui gouverne ses sets et offre un show inoubliable. On dira ce qu'on veut, mais ce gars-là sait mixer. Vous pouvez le trouver arrogant parce qu'il est sous le feu des projecteurs, dans un ptit egotrip, mais moi, je lui reconnais un certain talent. Il mérite cette renommée, et prend le relais : d'abord, du côté de Bromance, on avait les oreilles rivées sur "Aleph" de Gesaffelstein, et maintenant, "Brava". Next step ? L'album de Club Cheval qu'on nous tease depuis des siècles, je l'espère.
"Brava", c'est quoi ? C'est un album qui regroupe techno, électro, hip-hop, rap. N'oublions pas que le mentor de Brodinski, c'est DJ Mehdi, celui qui a renoué les liens entre rap et techno, cette légende folle à qui l'on doit beaucoup, beaucoup de choses. Il faut avoir ça en tête, pour comprendre en quoi "Brava" est dans cette lignée. Il s'agit là d'ouvrir des portes. Empêcher la techno de se replier sur elle-même et, donc, de se bouffer, comme le ferait un gros serpent affamé. Ouvrir la musique électronique à tout ce qu'elle frôle, et créer des combinaisons de sons riches, variés, pleins de couleurs.
C'est un pari réussi, pour "Brava", album qui regroupe des tonnes de collaborations, où on passe d'un son à un autre, de voix en de voix, de tonalités nettes aux basses lourdes qui tapent derrière la tête. Le rap à répétition pourra saouler - moi, personnellement, ça m'a un peu gavé par moments - mais il faut surtout reconnaître que ce CD a une continuité, un monde, celui de Brodinski. Laisser les sons de "Brava" vous enrober, c'est se faire happer par son monde. Et c'est un putain de voyage.
Bref, voilà. Très fort, avec des bonnes enceinte, cet album, il vous met une droite.
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