Brighter Wounds ne s’écoute pas comme n’importe quel album, déjà parce qu’il prend son sens en s’écoutant dans l’ordre et dans son intégralité. Bon c’est pas révolutionnaire, avec les albums des Pink Floyd c’était déjà le cas vous allez me dire. Cependant c’est important à préciser car si vous allez écouter quelques chansons par-ci par-là sur Youtube il y a des chances que vous passiez à côté de l’expérience proposée. Dans notre culture internet il faut revenir au fait de prendre son temps au lieu de consommer la musique comme si c’était un fast food, s’asseoir et écouter un album comme on regarderait un film en s’immergeant dans l’univers musicale développé.
Son Lux l’a d’ailleurs précisé en interview : les pistes ne sont pas faites pour être des tubes. Pour preuve leurs structures sont assez peu conventionnelles : Labor qui fait couplet-interlude-refrain-refrain-outro, Aquatic composé uniquement de cinq couplets, Dream State avec son couplet-interlude-refrain-couplet-interludeX2-refrain-post-refrain-pont-outro. Et même quand des parties reviennent parfois elles sont coupées par un passage musicale imprévu ou des changements d’orchestration. C’est pas non plus un projet expérimental, les mélodies sont reconnaissables et facilement mémorisables.
Mais venons en à ce qui m’a accroché au départ : les sons. Je trouve l’esthétique sonore tellement belle c’est ouf ! Quasi pornographique à ce niveau là. On a l’impression au fil de l’album d’avancer dans une forêt métallique froide mais éclairée par une douce lumière, vous savez comme le genre de lumière qu’il y a en hiver le matin. A la fois angoissant et rassurant. En fait c’est simple l’esthétique sonore va parfaitement avec l’esthétique de la pochette : organique comme la main tendue, électronique à l’image du tuyaux qui la termine, sombre mais éclairé d’une élégante lumière dorée. La voix de Ryan Lott est comme enrouée, tremblante et désabusée. Dans Aquatic par exemple au moment où il chante « But we leave only dust from our bones » sur le « our » sa voix se casse et ça m’a foutu un frisson. Ajouté au sens de la ligne c’est magnifique, on sent que quand il chante il ne rigole pas avec l’émotion, il l’a ressent intensément.
Ce qui traverse l’album est le poids du passé mêlé à l’incertitude du présent et du futur, un sujet qui revient très souvent dans la musique américaine en ce moment. Avec les tueries, le racisme et Trump comme cerise sur la Maison Blanche ça se comprend. Ajouté à cela la paternité nouvelle de Ryan Lott le sens des paroles paraît plus évident encore. Au fil de l’album il s’adresse à son nouveau naît en se demandant ce qu’il va pouvoir lui laisser comme monde.
Vous pouvez trouver une critique plus détaillée sur ma chaîne Youtube :) : https://www.youtube.com/watch?v=TYhBr2IbDF4