acier trempé
Je n'ai jamais été un grand fan de Judas Priest même si le groupe a sorti quelques bons albums studio.(Brirish Steel, Screaming for Vengance et Defender of the faith) ; mais je pense c'est surtout...
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le 5 juil. 2018
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A l’aube des années 80, Judas Priest est un groupe qui a déjà pondu cinq albums studio et un album enregistré en direct lors d’un concert. Leur légitimité ne fait qu’aller crescendo, et la qualité des albums susmentionnés leur octroie l’inimaginable option de pouvoir regarder le maître insurpassable Black Sabbath dans les yeux sans trop frémir.
A travers ces six opus musicaux, le Prêtre s’est affirmé, il a trouvé son style, a défini sa substance. Si Black Sabbath est le maître, Judas Priest ne grelotte pas dans son ombre, au contraire, il brille de mille feux et émane sa propre chaleur solaire, commençant à regarder un nombre incalculable de formations bâtir leur musique à en s’inspirant de la leur.
La bande à Rob a de l’avance sur les autres, beaucoup d’avance. Si Saxon est un concurrent sérieux, il n’est pas taillé du même bois que Priest, l’originalité et la faculté de bonifier les morceaux en leur donnant un relief inattendu leur fait défaut, et je ne parle même pas de l’écart se situant au niveau des qualités vocales des deux chanteurs. L’astre Priest dégage beaucoup de chaleur, et c’est en 1980, qu’au pinacle de sa luminescence, un rayon émane pour atterrir sur la planète heavy metal. Son nom : British Steel.
L’album (dans sa version réitérée de 2001, celle que je possède) immobilise d’emblée les capacités visuelles de nos prunelles quand
Rapid Fire déploie son éclat solaire. La déflagration sonore est ahurissante, le morceau nous chope à la gorge sans nous lâcher. Quelques secondes seulement après avoir appuyé sur lecture, on a déjà la gueule en sang. Mais quand Downing et Tipton déploient leurs flammes digitales pour embraser leurs guitares pour se livrer à un duel avec la voix inhumaine de Rob Halford pendant près de quatre minutes, le tout supporté par les Atlas que sont Holland et Hill, comment pourrait-il en être autrement ?
Metal Gods, c’est la synthèse de tout ce que Judas Priest fait de merveilleux, le fruit mûr issu de l’arbre divin puisant sa sève dans le jardin d’Eden. Une ineffable force tranquille se dégage de ce morceau, que ce soit à travers le riff puissant et fédérateur, la rhythmique granitique assurée par la basse et la batterie, l’interprétation vocale parfaite de Rob Halford qui mélange grandeur flamboyante et résignation impitoyable à travers les paroles dystopiques de la chanson. La cymbale, une fois le dernier couplet achevé, apportent davantage de majesté malgré le thème plutôt funeste, et le riff se répète jusqu’à l’ivresse, et voudrait qu’il ne se termine jamais. Metal Gods est ma chanson préférée du groupe, c’est phénoménal du début à la fin.
Breaking the Law, une des chansons les plus populaires du groupe, ce qui signifie que même les non-initiés au metal la connaissent, je la vois comme une assiette de pâtes : on la connait depuis des lustres, le goût ne nous surprend plus, le tout-venant sait de quoi il s’agit, mais ça fait toujours du bien, du moins, ça remplit son rôle. Ce morceau ne vole pas très haut, mais quand il s’agit de Judas Priest, la valeur-étalon du groupe est si élevée que même un morceau éculé parvient à faire plaisir. Oui, on l’a entendu des milliards de fois et le riff est redondant, mais il est toujours aussi entraînant, et la voix de Rob Halford lui apporte des couleurs que nos yeux apprécient toujours de contempler.
Grinder, c’est le morceau de mâle alpha de l’album. De la pure testostérone burnée à mort, tellement viril que même d’immenses figures du thrash metal, style de musique burné par excellence, comme Kreator l’ont reprise pour rendre hommage au Prêtre. Motif de guitare rudimentaire mais capable de broyer n’importe quoi, batterie impeccable, chant habité par la grandeur, solos excellents et pont tartineur de daronnes, un mélange parfait pour une chanson parfaite, conclue de manière magistrale par Rob. Impossible d’écouter Grinder sans s’abandonner mentalement et bouger sa tête comme un demeuré qui hoche la tête, fronce les sourcils et se mord la lèvre inférieure en hochant furieusement la tête.
United est la petite sœur de Take on the World, présente sur Killing Machine. La recette est la même : créer un hymne pour être chanté à l’unisson par la foule, de concert avec le groupe. Quelques légères différences avec l’aînée : United est encore plus lapidaire, le refrain est plus concis, moins fourni, donc plus facile à chanter pour le public qui n’est pas toujours composé de personnes ayant un sens du rythme inné. Une légère amélioration due à un assaisonnement différent, mais toujours aussi dispensable selon moi. D’une base mayonnaise, on a fait une sauce tartare.
Living After Midnight souffre des mêmes maux que Breaking the Law : elle est populaire et plaît aux profanes. C’est limite de la pop tant le thème abordé (faire la fête toute la nuit…du jamais entendu !) est suranné et peu inspiré. M’enfin bon, ça plaît et on comprend pourquoi. Tout dans cette chanson donne envie de bouger, de chanter, on passe un bon moment quand on l’écoute, mais pour l’originalité et l’intensité des émotions, on repassera.
You Don’t Have to be Old to be Wise (qui a dit Mötley Crüe – Looks That Kill ?) relève le niveau, enfin nous rassure en nous éloignant de la pop pour nous livrer du heavy metal. C’est un morceau représentatif de l’énergie vorace qui habitait le groupe au moment de l’enregistrement. Il n’y a qu’à écouter à quel point Rob met de l’intensité dans son chant pour s’en rendre compte. Les guitares sont elles aussi marquées de ce sceau, les riffs se hissent à la hauteur du chant. Quant à la rhythmique, elle est une fois de plus impeccable.
Du reggae ?! Judas Priest fait du reggae ?! Eh bien oui, l’introduction de The Rage en est la preuve, incroyable mais vrai. Cette intro permet d’instaurer une ambiance un peu inquiétante, notamment à travers la basse, esseulée, qui joue ses intervalles subrepticement. Les guitares redeviennent saturées lorsque déboule riff et on renoue avec le metal. Rob y délivre encore une prestation magnifique, les aigus de sa voix nous accaparent l’esprit, et l’intensité émotionnelle qu’il délivre lors du refrain est splendide. Les solos de guitare sont cohérents avec l’esprit quasiment angoissant du morceau, et on en ressort décontenancés. Une très belle surprise.
Beaucoup plus classique, Steeler est dans la veine même de ce que le groupe sait faire. Riff typique, solos survoltés à deux guitares, chant Halfordesque et rythmique elle aussi typique, on est dans un pur produit du Priest, même si le groupe a fait bien mieux et bien plus inspiré. Mis à part ça (eh oui, la qualité délivrée par le groupe sur plusieurs albums a fait de nous des auditeurs sacrément exigeants), le morceau est d’excellente facture. On veut entendre du heavy, il nous offre du heavy, il répond à la demande de manière correcte…correcte à l’échelle de Judas Priest !
La lame de rasoir présente sur la pochette de l’album annonçait la couleur : on a voulu écouter British Steel, on s’est fait trancher dans tous les sens ! Les plaies sont refermées mais les cicatrices toujours présentes. Comment oublier Metal Gods ? Grinder ? Comment ne pas devenir taré avec de tels morceaux qui marquent à vie ?! La qualité est omniprésente, on côtoie le grandiose, la surprise, le classique et même le commercial. L’album est si bon que l’on peut passer l’éponge sur les trois morceaux plus faibles, car ils ne font que souffrir la comparaison avec le monumental, ce qui ne les empêchent pas d’être tout de même assez sympas.
Créée
le 5 sept. 2022
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