Cette année il y aura eu pas mal d’album mixte, et si le projet de Rah Digga et Nottz (‘Classic’) m’aura beaucoup plus marqué que celui d’Eternia & MoSS (‘At Last’), cet album ‘Brown Study’ de la rappeuse d’Atlanta Boog Brown et du beatmaker de Detroit Apollo Brown n’a rien à envier au premier cité. Depuis plus de 2 ans le nom d’Apollo Brow revient régulièrement dans les bons coups et en mai dernier il a confirmé tout le talent qu’on lui prêtait avec son album compilation ‘The Reset’, de son côté Boog Brown est une habituée des très bons featuring qui n’attendait rien d’autre qu’un projet de ce genre pour confirmer son immense potentiel entrevu sur sa mixtape ‘Grind Season Vol. 1′ sortie en tout début d’année.
Impossible de dire ce qui m’impressionne le plus sur ce projet, si c’est la qualité des prods d’Apollo et l’ambiance qui s’y dégage ou l’imposante prestance de Boog qui se balade avec classe tout au long de cet opus. Le moins qu’on puisse dire c’est que ces deux-là se sont bien trouvés avec à la clé un résultat mémorable qui marquera cette année 2010. Les prods d’Apollo Brown ne sont pas révolutionnaire dans le genre mais peu arrivent à un résultat aussi efficace et prenant, ses samples et ses drums se marient parfaitement. Impossible de ne pas tomber sous le charme du travail de ce producteur qu’on pourrait comparer aux plus grands dans ce style de beat, et actuellement il en surclasse même une bonne partie (on verra sur la longueur si son nom mérite bien d’être inscrit aux côtés des légendes du genre).
Boog Brown c’est peut être ma révélation de l’année, son nom tournait de temps en temps sur de bon morceau mais j’étais loin de m’imaginer quelle rappeuse se cachait derrière ses quelques bons couplets. Tout ce qui sort de sa bouche est murement réfléchie et mis en rime à la perfection avec une assurance déconcertante qui nous transporte illico presto dans ses textes. A la première écoute on sent directement qu’elle a écouté les bons albums dans sa jeunesse et on devine facilement qu’il y avait quelques bonnes galettes de Nas (on retrouve 2 refrains d’Esco sur 2 titres du projet, ‘Carpe Diem’ reprend celui du morceau ‘Life Is What You Make It’ et à la fin du titre ‘Shine’ on retrouve le fameux hook du ‘Watch Dem Niggas’). Les clins d’œil sont nombreux sur cet album comme le break d’intro du morceau ‘Master Plan’ qui reprend le classic ‘Things Done Changed’ de Biggie, ‘My Love’ (avec Poodie The Byz au refrain) dont la structure est basé sur le ‘Exhibit C’ ou même les différentes interludes samplés qu’on retrouve à la fin de pas mal de titre et qui font bien respirer ce projet. Tout ça est bien pensé et bien exécuté!
Sur le morceau ‘Play The Game’ avec Kenn Starr, Boog revient sur le sexisme présent dans le milieu du rap et tout ce qui en découle. Les 2 autres morceaux avec des invités sont ‘Friends Like These’ avec Kam Moye et ce beat qui vole la vedette à tout le monde, et le ‘Friction’ avec les 2 MCs de Detroit Invicible et Miz Korona (rappeuse que tout le monde connait depuis sa battle avec Xzibit dans le film ’8 Mile’). ‘U.P.S.’ est un exercice de style parfaitement exécuté qui prouve si il le fallait encore sur cet album que Boog Brown est certainement en ce moment ce qui se fait de mieux au mic et pas seulement dans la catégorie féminine. Son compère à la production confirme une fois de plus sa capacité à mettre en lumière ses différents collaborateurs et augmente encore un peu plus sa cote de popularité qu’il mérite amplement.
Le seul point faible de cet album c’est sa pochette qui n’est pas à la hauteur du contenu et qui ne donnera peut être pas spécialement envie aux curieux d’aller écouter ces 2 artistes qu’ils ne connaissent peut être pas, et pourtant ça serait une grosse erreur de passé à côté de ce projet qui rassemble tout ce qu’il faut pour être un des albums de l’année. En ce qui me concerne c’est un de mes classics personnel, si ça ne tiendrait qu’à moi je rajouterais une ligne dans le dictionnaire qui renvoie à cet album pour la définition du mot Hip Hop.