C'est l'album de l'amour.

J'explique.

On va pas se mentir, ça n'est pas un grand album de grande musique avec des grands interprètes et des grandes voix. C'est l'OST d'un épisode musical d'une des séries les plus mésestimées, mais qui reste, pour ceux qui la connaissent bien, un petit chef d'œuvre d'effets spéciaux kitsch et de méchants cheap, et d'autres terrifiants, de dialogues virevoltants et sauvages, portés par des personnages qui se trompent, sont souvent ridicules, font des conneries, s'aiment, et nous avec. Et c'est pile le miracle qu'il fallait : tout ce qui fait le bonheur dans les comédies musicales, tout ce qui fait le bonheur dans Buffy, tout ce qui fait, le temps que le disque ait fini de tourner, notre bonheur.

Quelques éclats dans les paroles : she's not even half the girl she… ow, whatever, it's getting eerie what's this cheering singing all about ? Why do they need such good eyesight for anyway ? It's do or die, hey I've died twice, spread beneath my willow tree, you make me come-plete, but I'm out of the biz, the name I made I'll trade for his, he's swell, she's sweller, he'll always be my fellow, hey I'm not wearing underwear, let me rest in peace, you call me and I come a-running, I turn the music on, I bring the fun in, what I mean, I'm fifteen, so this queen thing's illegal, wish I could trust that it was just this once but I must do what I must, I hope she fries, I'm free if that bitch dies, I'd better help her out, I think this line's mostly filler, don't give me songs, give me something to sing about, the pain that you feel, you only can heal by living, all those secrets you've been concealing, say you're happy, now, once more with feeling, the battle's done and we kind of won, understand we'll go hand in hand but we'll walk alone in fear — l'aigre-doux des émotions dans quelques voix parfois pas très justes : la magie de Whedon.

Il y a tout ce qu'il faut : des chansons complètement gratuites qui ravissent (The Mustard, The Parking Ticket), des choses légères très typées comédies musicales mais qui trahissent une douleur sourde, comme Going Through the Motions ou I'll Never Tell, une espèce de ballade rock sentimentale à peu près nulle et pourtant sublime (Rest in Peace), des trucs qui vous arrachent tout ce qu'il vous restait de cœur (Under Your Spell, Standing, les deux mélangés), des regards posés sur notre héroïne, revenue de tout, même du meilleur (Walk Through The Fire, Something to Sing About), un medley qui passe de l'enjoué à l'envoûtant, avec une parenthèse métal, l'hymne du Scooby Gang, un épisode bluesy, et cette question lancinante : where do we go from here ?

From here, Tabula Rasa, le seul épisode qui pouvait suivre sans faire s'effondrer ce miracle. From here, passer à l'OST de Dr Horrible's Sing-Along Blog. From here, relancer l'album, une énième fois, once more, with feeling.
Nelken
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le 7 déc. 2013

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