Cannibal Corpse n’avait qu’un but avec cet album sorti en 91 dix mois seulement après « Eaten back to life », aller encore plus loin ! Plus violent, plus barbare, plus dégoûtant mais aussi plus maîtrisé et plus malsain autour d’un concept large, « la boucherie » ! Les âmes sensibles peuvent aller tout de suite écouter un CD de musique zen 😄L’abomination commence dès la pochette, réalisée par Vince Locke et qui a la particularité de dégoûter aujourd’hui encore le batteur du groupe. Une des pochettes les plus censurées de l’histoire de la musique, ce qui fera que le CD sera vendu sous une pochette "neutre" et en même temps, elle leur a permis de vendre énormément de produits dérivés dont des tonnes de tee-shirts ! Elle marque immanquablement les esprits.
Le voyage dans cet album est réservé aux cœurs solides, développant un death metal brutal et sans concession. Les 5 membres du groupe étaient encore tout jeunes : Alex Webster le bassiste avait 20 ans, Chris Barnes le frontman, 23. Vivotant à cette époque, c’est avec cet album qu’ils vont asseoir définitivement leur style. Une seule règle lorsqu’ils enregistrent sous la direction de Scott Burns (Sepultura, Deicide, Obituary…) : pousser tous les boutons dans le rouge !!! Les paroles explicites au possible vont encore plus loin dans la violence et la sauvagerie, rien que les titres feraient s’étrangler les personnes les plus fragiles. Quant à la voix de Barnes, c’est l’autre atout indéniable de cet album, plus caverneuse et terrifiante que jamais, du genre de celle à qui on a envie d’offrir des pastilles pour la gorge 😆! La performance vocale est impressionnante, on a l’impression d’un long râle, une sorte d’agonie en continue, tout droit issue d’un film d’horreur. Le groupe s’est senti obligé de rajouter dans les crédits du disque suivant qu’aucun effet n’avait été utilisé pour la modifier ! Barnes a raconté qu’il aurait bien voulu chanter comme Rob Halford mais qu’il n’en avait tout simplement pas les capacités. Il souhaitait faire de sa voix un instrument parmi les autres, et il lui a donc fallu se forger son propre style vocal et il va inspirer de très nombreux groupes de musiques extrêmes jusqu’à aujourd’hui.
À l’image de l’introduction terrifiante où, au milieu d’un déluge de distorsion, on entend une sorte d’animal, car le bruit de la voix n’a ici plus rien d’humain, probablement en train de dévorer sa proie, jamais on n’avait entendu un chanteur faire un tel usage de sa voix, il y a de quoi rester pantois par la performance. Il a en plus écrit pour la 1ère fois les paroles de toutes les chansons se laissant embarquer par les musiques des demos. Rien que leurs titres est tout un programme, déversant un malaise tout du long, un catalogue d’horreurs, une plongée dans la sauvagerie la plus extrême qui ferait passer l’intégrale des films « Saw » pour une guillerette promenade familiale 😂😂😂(« Sous la chair pourrie », « Couvert de plaies », « Vidé » si on traduit pour les non anglophones quelques-uns de ces charmants titres !!!).
Oui, Cannibal Corpse nous propose sa poésie, à l’état très brut et qui n’est pas faite pour tout le monde mais poésie quand même. Ça dégouline, ça vomit, ça gicle de partout. Une poésie sur une rythmique infernale et dont il faut saluer l'efficacité, avec comme but est de vous secouer les entrailles, que vous en ressortiez essoré voire dégoûté (ça, ça doit les ravir !), histoire de voir jusqu’où le metal peut aller. Un voyage aux confins de l’extrême dont on ne revient pas indemne mais dont l’influence se fait encore sentir aujourd’hui. Un pied de nez violent à la bien-pensance, au conservatisme et à la censure.