Que faire après le chef d'oeuvre Blood Sugar Sex Magik ? Un album assez moyen, One Hot Minute... Puis Californication, ce sommet où les Red Hot retrouvent leur "vrai" guitariste John Frusciante, avec qui ils s'orientent vers de nouvelles directions audacieuses, quitte à sacrifier un peu de funk au profit de la beauté.
(Avec cette introduction, la moitié des fans me haïssent d'emblée).


En effet, s'il y a une chose que l'on ne peut pas reprocher aux Red Hot Chili Peppers sur Californication, c'est leur inspiration mélodique. "Scar Tissue", "Otherside", "Californication" : une belle triplette de ballades électrifiées, chatouillant notre corde sensible, avec des choeurs parfaits, un groove langoureux... Entendues et réentendues, mais d'une couleur unique pour l'époque : celle du rouge de cette piscine dans laquelle on se brûle. Car elles vous emprisonnent, vous rendent addict, et vous permettent en même temps de vous distancier du réel avec leurs paroles socialement intelligentes.


Mais Californication ne serait pas un chef d'oeuvre si, dans le même temps, le groupe ne nous donnait pas à entendre une flopée de morceaux funk-rock à la dynamique inaltérée. Le ton est donné dès le début sur "Around the World" et son intro qui donne la sensation d'être lancé à toute vitesse dans le TGV Express du monde. Plus loin, "Parallel Universe", "Easily", "I Like Dirt", "Right on Time" jouent sur le même registre, avec toujours des moments un peu plus nostalgiques, même si Flea continue de vrombir.


Les Red Hot Chili Peppers ont fait le pari de fondre définitivement leur funk-rock dans la grammaire du rock alternatif, et c'est réussi. On peut l'entendre dans les solos de guitare. La partie instrumentale finale de "Purple Stain" ? On pense à du Radiohead. "This Velvet Glove" ? Il y a dans son riff quelque chose du rock d'aventure. "Porcelain" ? Une ballade fidèle aux enseignements du Velvet Underground, qui saupoudraient leurs albums d'un peu de douceur naïve. "Savior" ? La tentation psychédélique...


Chaque morceau nous réserve donc des surprises, nous fait découvrir une facette inédite de l'alchimie que les Red Hot engendrent perpétuellement. Et le meilleur vient à la fin. "Road Trippin'", sérieusement les gars... On ne s'attendait pas à vous entendre rivaliser avec Nick Drake et encore moins à ce que le résultat soit aussi vibrant de sincérité.


Les Red Hot Chili Peppers ne parviendront malheureusement pas à se maintenir au niveau par la suite. Même si By the Way, Stadium Arcadium et I'm With You contiennent leurs pépites, ils nous montrent un groupe de moins en moins inspiré, là où Californication réussissait l'exploit de recréer un style unique en fusionnant toujours plus d'ingrédients. Incontournable.

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le 21 août 2018

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