Etait-ce mieux avant ?

N'allez pas croire que je suis un rageux, empli de haine qui va vomir sur Californication et dire "Les Red Hot c'était mieux avant". Je suis le premier à souffrir de mettre une telle note à Californication mais le résultat s'impose à moi. Cet album est très très moyen et l'aimer montre la profonde méconnaissance que l'on peut avoir de la vie et l'évolution du groupe. Après One Hot Minute, album détesté par les critiques à sa sortie (je pense que les clips y sont pour beaucoup), les Red Hot sont au plus mal. Le départ de Navarro n'aide pas et le retour de John Frusciante s'annonce comme un élan de gloire. Le public va retrouver son messie. Les Red Hot ont de nouveau la formation de Blood Sugar Sex Magic !
Or, et c'est là-dessus le principal pour moi. Mother's Milk, Blood Sugar Sex Magic et surtout One Hot Minute sont des albums qui révèlent une profonde envie d'évolution, de transfigurer constamment la musique. L'envie d'expérimentation était totalement présent dans One Hot Minute. C'est pour ça qu'avec le recul, cet album, si décrié à ses débuts, est devenu un des plus grand classique des années 90. Cet album était majestueux, splendide, innovant.
Face à lui, Californication apparaît comme timide, mou, sans force. Il semble être une sorte de beau gosse pâle, fantomatique et incapable de parler. Sans personnalité véritable et à peine remarquable, Californication surprend par son manque d'audace.

En effet, ce qu'on est obligé de comparer c'est le jeu de guitare. Navarro face à Frusciante. Le rock/métal face à un funk groovy à souhait et pourtant énergique. Bon, pour l'énergie on repassera, c'est l'évidence même, mais pour le funk ... je suis déçu d'un aspect si calme, si peu fort. Les Red Hot ont toujours été un groupe énergique et c'est ici une pop mièvre, sans âme qui en ressort.
L'album respire donc toujours cet aspect mou, cette douceur qui sonne sincère, certes, mais qui est éloigné à souhait de ce qu'est les Red Hot. Certes, ils ont vécu des épreuves et on aime sentir cela (Otherside est parfaitement touchant à ce titre) mais on a totalement perdu l'énergie réelle du groupe. Cette vague de puissance brute qui montrer la fusion parfaite du funk et du punk comme ce fut toujours revendiqué par le groupe.
Certes, nous retrouvons ça dans Right on Time, malgré des couplets très mous, très épuisant même.

Car, à force de réutiliser toujours la même formule de douceur extrême, le groupe épuise et fatigue l'auditeur. A tel point que même les bons morceaux sont gâchés. Car eux aussi reposent sur la même formule. Californication, par exemple. Le titre éponyme perd de sa superbe à cause du reste de l'album. Road Trippin' qui conclue l'album n'a également pas grand chose à nous offrir après un tel disque où tout est identique.
Get on the Top montre bien ses potentiels massacrés, les refrains sonnent bien limites. On a heureusement quelques vrais titres, Easily, Scar Tissue (un des titres doux pas mal), Parallel Universe (apparu comme calme dans les autres albums, mais ici très violent) et bien sur Around the World qui ouvre le disque avec brio.
Face au manque d'audace de Frusciante et au rythme bons mais sans folie de Chad Smith, on a un Flea toujours excellent. Il sauve réellement l'album. Chaque titre a un bon riff de basse, il rattrape le tout, il rend le disque écoutable car incroyable pour les lignes de basse. Vraiment merci à la puce qui rend ce disque pas si mauvais.

On vomira sur Porcelain endormant au possible, Emit Remmus qui veut faire croire que la fougue du début est là, I like Dirt qui essaye de faire pareil, là encore sans succès. Savior dont les aspects expérimentaux sont très mal choisis car soulignant toutes les faiblesses de l'album.
Purple Stain bien que répétitif réussi lui, le pari de ramener dans le Red Hot de Mother's Milk. This Velvet Glove est aussi un titre très agréable et réussi.

Loin d'être réussi, l'album surprend par son manque d'exigence. Beaucoup de disques sonnent pop et formaté pour la radio, ayant perdu l'âme dingue des Red Hot, ayant renoncé à l'expérimentation passée. Ayant renoncé à faire du Red Hot tout simplement.
Heureusement quelques bonnes idées sauve le disque qui, dans le fond, garde quand même une production bien trop sage.
Je vais donc être un vieux con : c'était mieux avant.