J'ai presque honte de ne pas aimer
Ce que je vais dire va surement sembler un peu bête, mais globalement je chie sur les critiques contemporaines professionnelles. Mon respect va aux avis des membres actifs du milieu du cinéma, ainsi qu'au passé, à l'histoire, à l'évolution. Bien évidemment, je me fais mon avis, n'allez pas me prendre pour un mouton. Mais lorsque je lis "ce film de 1956 est génial" sur plein de pages spécialisés, j'ai plus confiance que lorsque les journaux m'annoncent l'incroyable qualité du dernier Taxi ou autre Bienvenu chez les Ch'tis.
J'ai entendu un bien fou de Sacré Graal, à tel point qu'il est entré dans la liste des films cultes que je devais voir devançant plusieurs titres absolument majeur de l'histoire du cinéma (Oui Akira Kurosawa, c'est à toi que je pense). Globalement je m'attendais au moment le plus drôle de ma vie, je pensais m'éclater encore plus que devant les Blues Brothers, The Mask et Back to the Futur réunis (ce qui vous permet d'estimer plus ou moins bien mes références humoristiques). J'attendais un peu tout de ce film en terme d'humour, puis bon, Terry Gilliam à la réalisation, c'est pas n'importe qui. Bon ok, faut replacer dans le contexte, Terry n'est pas encore l'homme qu'il était aujourd'hui mais je pensais voir des traces de son génie futur (et franchement, en y regardant bien, ça y est). Mais l'humour des années 70 ne me dérange pas, n'avais-je pas été plié de rire devant MASH, sorti 5 ans auparavant ?
Et là, la réalité m'est venu dans la face comme Jospin le soir du premier tour de cette fameuse élection de 2002. J'ai absolument pas aimé ce film. Certes, quelques scènes m'ont amusé et j'ai un peu rit mais au final, ce qui a caractérisé mon impression c'est la gêne. Gêné de ne pas aimé, gêné de m'ennuyer. Gêner de trouver la réalisation et la mise en scène souvent gauche. Gêné de ne pas rire à gorge déployé. Merde, il est où mon rêve ?
Je suis un grand fan de l'absurde, mais plus d'une fois j'ai trouvé cela horriblement mal maîtrisé. Enfaite c'est le rapport entre absurde/réalité qui est, à mon sens, mal géré. Le plus dur dans l'absurde est le dosage de réalisme et de logique qu'on est prêt à mettre dedans. Il faut de la logique pour que le spectateur puisse entrer dedans et trouver cela absurde, mais le plus souvent ce réalisme sert, dans Sacré Graal à amener une histoire. Une histoire qui semble imposer tant la suite narrative est absente. Du coup, un sentiment de lourdeur m'envahit.
Sentiment renforcé par l'humour plus ou moins inégal tout le long du film. Globalement, les idées sont souvent excellentes, mais leurs réalisations m'a grandement refroidi. Je les ais trouvées mauvaises, mal amenés, pas très drôle enfaite et souvent trop chargés. Pourtant le lapin tueur, les questions du vieux de la scène 24, l'introduction même, la fin, l'enquête des policiers, les différentes épreuves de chevaliers, le dialogue sur les hirondelles et le fameux coup des chevaux, tout ça est vraiment sympa mais c'est dans la mise en scène que j'ai été déçu. Enfaite, ça me donnait un peu l'impression d'assister à des sketch qu'on met sur les plateaux télés, mais pas du tout ce qui aurait dû être fait pour un film.
Le scénario est bizarrement mauvais. Je dis pas qu'il faut y chercher du sens, loin de là, mais vu le sujet de départ, on aurait pût aller chercher d'autres pistes, plus farfelues peut être, exploiter d'avantage certaines idées et en mettrent d'autres de côtés. On notera les confrontations avec des notions anachroniques comme étant les meilleurs moments. La narration est souvent à côté de la plaque pour moi, dans le sens où elle est très linéaire et suit les protagonistes comme dans un film normal. Celle-ci aurait dû être tout aussi loufoque que le projet des Monty Python.
De plus, ça n'aide pas, mais j'ai pas été séduit par les animations, non à cause d'une absence de qualité. Je vous rassure, y a du level pour ça ! Non, c'est plutôt que le délire Moyen-Age, ba graphiquement ça me plait pas. Même visuellement je suis pas fan même si j'ai trouvé cela bien fait pour ce film. Du coup, ça m'a pas séduit et même en reconnaissant le bel œuvre, ça m'a surement pas aidé à rentrer dans le film.
Au final, que puis-je ajouter ? Cette critique est avant tout un ressenti pur. Le ressenti d'un homme déçu car il s'attendait à être surpris. J'étais vraiment parti avec l'esprit de tolérance et d'ouverture, prêt à ouvrir mes chakras pour revenir en 1975. J'étais prêt à être fan avant même de voir le film. Donc c'est vraiment une chute pour moi.
Ne nous énervons pas, si je pense personnellement que le film a été surévalué au fur et à mesure (en étant plus ou moins culte pour une génération), je comprend également être passé à côté de pas mal de chose. Ne serait-ce que parce qu'en terme d'humour je ne vois absolument pas où le coté novateur dont tout le monde parle. Je loupe une bonne partie du film parce que je ne découvre pas les nouveautés. Des nouveautés que je visualise bien dans des œuvres plus "techniques" et sérieuses. Comme quoi, ce film et moi, ça ne devait pas le faire !