Après l'album "En saga för de stora" qui montrait déjà des éléments de badassitude aiguë, Bossfight revient avec "Caps On, Hats Off", qui représente à mes yeux une quintessence de la musique électronique orientée chiptune. Explications.
Des auteurs qui ont à la fois un style personnel, inédit et travaillé, ça ne court pas les rues. Du côté de l'électro, MitiS ou Fox Stevenson y parviennent grâce à des univers musicaux que je qualifierais respectivement de "contemplative drum'n'bass ambient" et de "poetic lyrical dubstep". Bossfight s'inscrit dans cette lignée de compositeurs originaux avec un style à base de sonorités chiptune (8/16-bits) mêlées à d'autres sons plus agréables. Cet assemblage savamment dosé permet d'éviter la répétitivité assommante du chiptune standard (à la Chipzel ou à la 777minus11) tout en conservant l'essence nostalgico-simpliste hérité de la contrainte technique musicale des vieilles consoles. Du "modern chiptune", quelque part ? A noter que Slagsmalsklubben, autre groupe suédois, partage à peu près les mêmes caractéristiques.
"Caps On, Hats Off" présente un Bossfight maître de son art, développant des mélodies bien construites, des atmosphères bien distinctes et des sonorités toujours renouvelées, avec de temps en temps une pointe d'humour via des interventions vocales amusantes. Finalement, les morceaux sont tous tellement bien qu'il est difficile de choisir un favori.
A la fois initiation au chiptune pour les néophytes, nostalgie remasterisée pour les puristes et don du ciel pour les gamers mélomanes, je ne doute pas que l'album trouve son public, pour peu que l'on s'y intéresse. Quel dommage que Bossfight retourne de plus en plus sa veste pour se rapprocher progressivement du dubstep/drum'n'bass standard, laissant derrière lui le côté "jeu rétro" qui fait tout son charme (cf. "Bronco Space Program")... Pas facile d'être underground, semble-t-il.