Milk & Honey
"Le plus connu des musiciens folk sixties dont personne n'aie jamais entendu parler." Ainsi s'exprime très justement un journaliste dans un article dédié à la mémoire de Jackson C. Frank, mort en...
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le 17 oct. 2013
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Il y a vraiment des styles face auxquels je suis faible... Donnez-moi de l'alt.country, du Midwest emo, bref de l'indie au sens large (et américain), donnez-moi des guitares aux arpèges cristallins et aux rafales émotives, donnez-moi un chant geignard qui cristallise l'esprit d'une jeunesse éperdue à la recherche de liberté, donnez-moi un son de batterie le plus naturel possible, donnez-moi un banjo discret et des chœurs qui donnent ses lettres de noblesse à l'americana... donnez-moi tout ça et c'en est fini, je fonds comme neige au soleil. Il suffit alors que je ferme les yeux pour me voir déambuler sans but dans les rues de ma banlieue alors qu'au loin le crépuscule s'annonce, qui peint le ciel en ocre et les nuages en orange, alors que je tombe amoureux pour la première fois en sachant pertinemment que je n'aurai jamais le courage d'aller lui parler. Quid du fantasme brumeux ou du souvenir véritable ? Peu importe, cette errance résonne en moi de la plus authentique des façons. Et j'ai Pinegrove à remercier pour cet émoi pubertaire, qu'ils convoquent avec grand talent sur Cardinal.
C'est qu'il faut bien préciser une chose ; si je craque facilement sur ce genre de musique, il n'empêche que ce disque est sans doute dans le haut du panier de ce qui se fait dans le style actuellement. En à peine 30 (trop) courtes minutes, on passe par un beau spectre d'émotions, de riches idées, de saillies mélodiques inattendues (j'en veux pour preuve ce hook des chœurs sur « Size of the Moon » qui évoque furieusement ceux du « Rebellion » d'Arcade Fire), j'en passe.
Ce n'est pas un hasard si l'album s'entame avec « Old Friends » – pleine d'un spleen adolescent, d'hormones incertaines qui hésitent entre la rage affective contenue et la douce plainte de la steel-guitar – pour se finir avec une « New Friends » exaltée. Pas un hasard non, tant Cardinal baigne dans un feeling d'étrange nostalgie teintée de fébrilité, qui pourrait rappeler ce moment critique dans la vie de tout ado qui quitte son lycée natal pour s'en aller vers une Université à l'autre bout du pays, alors que son groupe de potes explose en petits fragments autonomes sans l'assurance qu'on se retrouve tous un jour. Un sentiment à la fois déchirant et excitant... L'optimisme qui se développe petit à petit au long de Cardinal est sacrément contagieux. Evan, Nick, Sam et Zack ont passé un cap pour sûr. Un petit sourire aux lèvres, c'est confiants qu'ils le disent haut et fort : « What's the worst that could happen ? »
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes 2016 en musique depuis ma chaise avec mon fez et mon regard de braise. et Les meilleurs albums de 2016
Créée
le 8 mars 2016
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