Dans la famille des groupes de revival synthétique, je vous présente Boy Harsher. Situé quelque part entre Chris & Cosey et The Soft Moon, le duo/couple composé de Jae Matthews au chant et August Miller à la compo existe depuis le début des années 2010. Après une poignée d'EPs égrainées durant les six dernières années (allez donc écouter l'EP Country Girl si ce n'est pas déjà fait) et un excellent premier album, Yr Body Is Nothing, les voici de retour avec leur second opus, Careful.
Basiquement, nous sommes en présence d'un disque de cold wave synthétique, aux accents tantôt minimal wave, tantôt EBM. Ce qui fait la particularité de ce duo originaire de Géorgie, aux États-Unis, c'est certainement la langoureuse voix de Matthews, caressant les sens de l'auditeur par dessus les différentes ambiances électroniques construites par Miller. Il y a un sentiment très cinématographique à l'écoute du disque, qui semble nous emmener lyriquement d'un point A à un point B tout en racontant une certaine histoire. Il faut savoir que le duo a failli se séparer peu après la sortie du premier album, mais, par la force des choses (échecs personnels et décès familiaux), le duo s'est retrouvé autant artistiquement qu'intimement pour composer avec cette idée fixe : "be careful", garder en tête que l'amour peut aider à vous faire traverser les pires situations.
Le disque commence sur le dronesque "Keep Driving", qui nous fait pénétrer dans le royaume nocturne, sombre et sexy à la fois, de Boy Harsher. Le titre suivant, "Face The Fire", annonce le son du reste de l'album. Sur une rythmique de boite à rythme, les lignes de synthés accélèrent et décelèrent, ponctués parfois de percussions industrielles, ou de petits sons vintage. L'univers sonore de Boy Harsher est donc relativement limité par ces choix de production. Cependant, chaque titre possède son identité propre et propose une ambiance particulière. Si le disque est très homogène, surtout sur les pistes uptempo, il n'empêche pas un certain ennui de pouvoir se créer à l'écoute. A moins d'être un inconditionnel de minimal wave, ou bien d'écouter l'album dans un contexte particulier (au hasard, en concert, dans un club gothique), il y a des chances de se lasser rapidement de ces pistes "synthé + boites à rythmes". Heureusement, tout le talent de composition du duo se révèle sur les plages plus atmosphériques, comme le John Carpenteresque "Crush" ou le Lynchien "Careful". Dommage que ces interludes ne soient pas plus présents...
Nous avons donc au final un sympathique album de synthpop froide mais puissante, porté par la voix de Jae Matthews et des titres assez cinématographiques. Si l'album risque assurément de ne pas plaire aux allergiques du synthétiseur, il vaut tout de même le coup d’œil pour les autres. L'esthétique "eros & thanatos" de Boy Harsher reste relativement unique même aujourd'hui et permet au duo de s'imposer sur la scène underground mondiale. Comme toujours, il semblerait que ce disque puisse prendre toute sa substance une fois sur scène, alors si le groupe passe bientôt dans vos environs, je ne saurais que recommander d'aller les voir.