Je débute souvent mes chroniques par un petit historique de la carrière de l’artiste en question mais cette fois-ci j’ai envie d’aller droit au but en commençant par parler notamment de ce fameux morceau ‘The Red Carpet’. Une bombe produite par le suspect habituel Alchemist qui en seulement quelques secondes a fait chavirer le cœur de nombreux fans Hip Hop avec en cerise sur le gâteau un trio au mic composé d’Evidence, Raekwon et Ras Kass, que demander de plus qu’une brochette comme ça?! La bonne nouvelle pour cet album c’est qu’il n’y a pas seulement ce morceau à retenir, bien au contraire et heureusement, comme pour ses précédentes sorties solo (‘The Weatherman LP’, 2007 et ‘The Layover EP’, 2008) ce nouvel LP d’Evidence est très bien ficelé de bout en bout. Les invités que ce soit à la prod, au mic ou aux platines sont triés sur le volet, sans surprise la famille habituelle est au rendez-vous et n’aurez raté cet événement pour rien au monde. Avec Ras Kass et Raekwon en guest sur un même morceau c’était déjà une association qui avait de la gueule, et Evidence remet ça avec Roc Marciano et Prodigy sur ce ‘Fame’ produit par Charlie Brown, titre beaucoup moins marquant que le tapis rouge précédent mais qu’on savoure sans problème comme ce ‘Where You Come From?’ (encore Alchemist à la prod) avec Rakaa, Lil Fame et Termanology en featuring.
Derrière les monstres que sont ALC et DJ Premier (avec un ‘You’ monumental), il y a d’autres beatmakers qui mettent le feu à ce projet et notamment Rahki dont le nom est souvent associé à DJ Khalil qui a signé ce producteur sur sa structure et dont les 2 beats ‘It Wasn’t Me’ et ‘Falling Down’ rappel une certaine filiation entre les deux artistes à l’image de Dr. Dre et sa team de beatmakers/musiciens. Le duo Sid Roams se fait encore une fois remarquer avec le single ‘To Be Continued’ et cet excellent ‘Well Run Dry’ avec Krondon au refrain qui confirme son talent dans cet exercice, mais si il n’y avait qu’une de leur prestation à retenir ça serait ce magnifique ‘Late For The Sky’ avec Slug et Aesop Rock. Pour être totalement complet dans la catégorie beatmaker il faut aussi citer Twiz The Beat Pro qu’on retrouve à la prod d’un ‘Strangers’ ravageur coupé par DJ Revolution qu’on retrouve pas mal de fois sur cet album. 15 morceaux que ce partage 6 beatmakers avec une unité très distincte, tout à été bien pensé et le résultat est une nouvelle fois à la hauteur des attentes nombreuses et élevés pour ce nouveau projet solo d’EV. Une réalisation parfaite de cet album qu’on peut aussi attribuer à Rhymesayers même si ses 2 précédentes sorties sur ABB Records ou Decon possédaient aussi cette même qualité, quelque soit le label le niveau est le même, le bon côté de l’indépendance…
Comme son premier album solo ce projet d’Evidence est très autobiographique, il y retrace dans ‘You’ sa carrière musicale depuis son premier contrat, s’éclate avec son grand pote Alchemist sur ‘James Hendrix’ et signe avec ‘I Don’t Need Love’ l’un de ses titres les plus personnels dans lequel il revient sur son départ précipité de la tournée de Kanye West quand il a appris que sa mère était mourante. Si ses rimes ne sont peut être pas aussi structurés qu’un Nas ou Rakim par exemple, il a pas mal de punchlines en stock et arrive à donner un côté très cinématographique à pas mal de ses titres. Le flow est toujours bel et bien là, souvent lent en effet mais on ne se surnomme pas soi même Mr. Slow Flow par hasard, ce style ne me pose pas de problème notamment avec cette voix distincte, mais je peux comprendre les réticences de certains de ce côté là. Les caractéristiques d’un projet d’Evidence sont encore les même dans ce ‘Cats & Dogs’, moins surprenant donc que la découverte ‘The Weatherman LP’ mais tout aussi bon, le membre des Dilated Peoples sait toujours aussi bien s’entourer. Beaucoup de monde citerons cet opus d’EV dans son Top Albums 2011 et j’en ferais aussi partie, tous les ingrédients que j’aime sont réunis.