Mountains. Montagnes. Voilà, tout est dit. Ou presque. C’est un groupe qui fait de l’ambient. Je suis très partial à ce genre qui ne fait pourtant pas l’unanimité. Après tout c’est de la musique minimale, répétitive, faussement simple, dont le but principal est de créer une sensation, de laisser filtrer de grandes émotions avec très peu de choses. Nostalgie, effroi, paix, émerveillement, tristesse, joie, rêves et cauchemars. Les plus grandes partitions ne tiennent parfois vraiment qu’à quelques notes (le Music For Airports de Brian Eno, pierre angulaire).
Le duo New-Yorkais de Mountains offre une musique aussi puissante et évocatrice que son patronyme le suppose. Massif et ciselé à la fois, gigantesque, ample, leur son se battit dans des durées épiques. Pour preuve le plat de résistance Propeller, 20 minutes d’ascensions, de stagnations, de descentes, de remontées, un univers en expansion. Centralia s’étend ainsi sur plus d’une heure où l’électronique percute les oripeaux du rock (la guitare électrique démentielle de Liana). C’est le spectre de Popol Vuh composant pour Werner Herzog qui hante ces morceaux. Ici des cordes majestueuses (Sand), là une guitare acoustique lancinante (Identical Ship), partout des idées, des détails.
Bien sûr, on apporte ici une grande partie de soi. Les paysages mentaux que vous dessinerez à partir de cette musique vous appartiennent intimement. Mais en tant que déclencheur, il s’agit ici d’un accompagnement de choix. Il faudra encore du temps et de nombreuses écoutes pour en être sûr, mais on tient sans doute un chef-d’œuvre du genre.