Un groupe en évolution (en témoignent un son résolument moins black metal et des premières influences industrielles), un des meilleurs sons de guitare, un des meilleurs sons de batterie, et surtout une des meilleures voix black metal, quelques claviers (qui ont peut-être un tout petit peu vieilli mais rien de dommageable, cela ajoute du charme) disséminés intelligemment, un aspect groovy et lourd vraiment intéressant et alors rarement vu dans la scène, des paroles travaillées (et plus variées que ce qu'on pourrait penser pour du black de cette époque), quasi aucun temps mort, une ambiance unique et savoureusement dark, que demander de plus ?
De quoi faire durer le plaisir encore au moins 5 minutes, surtout en comparaison de Worship Him et Blood Ritual. Bien sûr qu'un groupe n'est pas obligé de pomper la longueur de tous ses albums sur son premier, mais WH et BR n'ont aucune raison de retenir l'auditeur plus longtemps vu qu'ils sont moins bien, et c'est pareil pour tout ce qui suivra.
Et puis il y a aussi que Samael était, à cette époque, trop honnête. Trop honnête avec lui-même et avec son public pour sortir un ou deux morceaux faciles qui honoreraient le potentiel ultra catchy dont il s'est doté avec ce son délicieux qu'il n'aura plus jamais (car ancré dans une époque et alors à mi-chemin entre deux périodes), et qui ne sera d'ailleurs, hélas, jamais vu autre part.
La mise en valeur de passages (lol) plus techniques et le refus de se conformer à une même structure sur tous les morceaux sont une qualité autant qu'un défaut, et je trouve vraiment que ça ne rend pas service à l'opus et explique au moins une chose : déjà qu'il ne se facilite pas la tâche avec la direction qu'il choisit de prendre (une orientation qui n'a pas forcément dû plaire à tous les amateurs et suiveurs du groupe à l'époque, mais ils n'avaient encore rien vu) et ce son unique qui en est la conséquence, si en plus il choisit de ne pas ménager l'auditeur en faisant au plus simple, faut pas s'étonner qu'il soit sous-coté (car il l'est très clairement, comme le groupe d'une manière générale d'ailleurs), surtout par rapport à ce qui viendra après, et alors qu'il en est l'annonciateur.