Champion Sound par Anthony Boyer
Dans le petit monde du hip hop, Madlib fait figure d'électron libre, d'artiste prolifique et toujours apte à proposer quelques innovations musicale. Outre ses albums solo, ceux de Quasimoto, Lootpack ou encore Yesterday's New Quintet, il a su s'illustrer en proposant des collaborations avec d'autres artistes comme MF Doom notamment, comme en témoigne le superbe Madvillain. Avec JayLib, le producteur californien fait équipe avec Jay Dee, producteur émérite des premiers albums de Slum Village, entre autres...
Sur Champion Sound, les productions de Dilla succèdent à celles de Madlib, l'un et l'autre posant leur flow lorsqu'ils ne sont pas à la prod du morceau. Cependant, Jay Dee n'étant pas particulièrement reconnu pour ses talents de MC, on notera quelques fearturings de circonstance, bien connu de Stones Throw comme Frank-N-Dank ou Percee P.
Dans son ensemble, l'album est conforme aux attentes. Les productions dynamiques et pêchues savent influencer les mouvements de la nuque. D'autres, plus planantes – 'Nowadayz' – font davantage office d'étranges interludes avant de laisser place à des morceaux plus percutants comme 'Champion Sound', titre au beat bouillant ou encore 'The Red' qui fait office de titre phare de l'album. Et que dire de cette ligne de basse simpliste mais si envoûtante sur le bien nommé 'Heavy'. Talib Kweli fait une apparition sur Raw S—T, superbe morceau sur lequel le rappeur de Brooklyn démontre une fois de plus tout son talent. Quasimoto nous honore également de sa présence sur 'React', petite merveille sur laquelle Dilla se joue de sonorités électroniques pour composer une mélodie aux accents orientaux. Accents que l'on trouve également sur 'Strip Club', morceau qu'un Snoop Dogg ou Dr Dre ne saurait dénigrer tant au niveau de la thématique qu'à celui de l'efficacité du beat. A noter quelques audaces d'ordre expérimentales, on remarquera notamment que de nombreux titres se composent de deux parties.