Chicago Transit Authority par XavierChan

Les odes à la guitare, on en connaît à la pelle. Les Guitar Héros aussi. Les grands albums de cuivres à part quelques classiques séminaux, ne sont connus que d'un cercle de connoisseurs. Pouvoir confronter les cuivres au hard-rock si naturellement, avec une telle évidence, est encore nouveau en 1969. Surtout par des types absolument pas trentenaires, virtuoses à la guitare, aux cuivres, aux synthés (discrets), qui ont sûrement écouté beaucoup de blues, de soul, de jazz, d'Hendrix (ici des percussions chopées sur Little Wing, là un riff de All Along The Watchtowers, ou alors c'est Hendrix qui l'a emprunté ? et la liste peut s'allonger), sûrement pas dans leur état normal, dont un abruti lance un rot en guise d'introduction de l'impressionant Libération, exaltation rock en plusieurs parties, totalement free mettant Zappa minable à la wah-wah, confinant à l'épuisement physique après une dizaine de minutes à torturer une 6 cordes qui, la pauvre, n'avait rien demandé à personne.

Derrière, une batterie qui s'esquinte gravement (Keith Moon, c'est toi?), des trompettes qui toussottent jusqu'à l'asthme, car elles aussi n'en peuvent plus après une heure de spectacle grandiose, de mélodies énergiques taillées dans la roche, de textes simples comme bonjour chantés avec la classe d'un crooner sans être dégoulinants (quelle heure est-il à ta montre, me quitte pas cherie, etc.), on ne sait plus qui a pioché quoi ou qui a inspiré qui tant Chicago Transit Authority (ce titre!) valse avec les genres avec une facilité déconcertante (du hard funk déjà en 1969 sur Poem 58). On te dis même d'écouter sur Listen, car tu entendras autant King Crimson, le Grand Wazoo de Zappa qu'un immense guitariste oublié.