Children Of The Black Sun reprend là où God & Beast s'arrêtait.
Je parle de ce fameux morceau fantôme qui achevait monumentalement l'album après le fracassant Total War, un des meilleurs titres que la NoiseMusic a produit et surtout que j'ai pu écouter, construction sur l'addition intelligente de matières sonores bouclées formant des artefacts auditifs proches du principe des motifs moirés par exemple. Et ici le principe est le même à ceci près qu'on n'entendra presqu'aucune traces de distortion sur toute la longueur de l'album ou du moins elle se fera très discrète.
Déjà au niveau de l'aspect esthétique on sent un changement, fini les runes, fini les titres provocateurs. Et musicalement on se rapproche des styles acousmatiques et musiques concrètes, dans une mouvance orientée classique, rappelant certains travaux de Gyorgy Sandor Ligeti ou de Pierre Schaeffer.
C'est très fin. Tout est exécuté avec delicatesse et simplicité, reposant sur ce principe de repetition infinie qui à force crée et rend perceptible des mélodies n'existant pas au départ ou des rythmes définis alors qu'il n'en existe aucun.
Chaque titre dégage une émotion et un sentiment bien particulier, aussi on parcourra la sinusoidale de l'album entre un Black Sun à la puissance indiscutable, un Son Of The Sun émouvant, un The Underground Stream angoissant et méditatif. Pour être tout à fait honnête j'ai eu beaucoup de mal à croire que Boyd Rice était le compositeur de cette petite merveille, je ne lui connaissais pas une approche aussi fine de la chose, étant plutôt synonyme de NoiseMartial à tactiques totalitaires pour ainsi dire.
Album aussi étonnant que sa suite sera décevante.