China est un album qui ne m'a jamais particulièrement touché. Je reconnais sa maîtrise, tant d'un point de vue formel et musical qu'en terme de cohérence narrative, mais j'ai tendance à traverser ce disque avec distraction quand je l'écoute.
Nous sommes en 1979, Vangelis achève une décennie faste où figurent Heaven & Hell, Albedo 0.39, Spiral - excusez du peu -, en plus de quelques B.O. dont les superbes Apocalypse des animaux et Opéra sauvage composées pour les documentaires de Frédéric Rossif.
Point d'orgue du festival, China consacre sans surprise l'amour et la fascination qu'éprouve le compositeur grec pour la Chine, à tous points de vue : historique, culturel, artistique, musical, géographique, philosophique et spirituel.
Les titres des morceaux sont éloquents : "Ying & Yang", "Himalaya", "The Tao of Love", "The Dragon", "The Long March"... Tout y est.
Vangelis parvient à siniser sa musique, aussi bien par le recours à des phrasés typiques de la musique chinoise traditionnelle, qu'à travers le travail sonore. Pour autant, il ne sacrifie pas son propre style, et on reconnaît parfaitement sa patte, grâce notamment à la palette sonore emblématique du Yamaha CS-80 et à l'utilisation de la fameuse reverb vangelisienne, tout en profondeur.
L'ensemble, comme souvent, forme un tout très cohérent ; revers de la médaille, aucun morceau ne se démarque vraiment, hormis peut-être "The Tao of Love", délicate ballade amoureuse et sensuelle, légère et évocatrice.
On peut également signaler "Himalaya", long titre contemplatif (plus de dix minutes) et ambient, où il ne se passe donc pas grand-chose, mais qui s'avère une agréable transcription musicale des plus hauts sommets du monde - plus que "Summit", titre qui conclut l'album d'une manière relativement transparente et anodine.
Objectivement (le plus possible, bien entendu), China est un album sérieux, qui réussit à capter l'essence chinoise de son sujet. Je l'écoute beaucoup moins que d'autres, mais quand je le fais, c'est sans déplaisir.