Quatre ans après un premier album à la fois encensée par la critique (deux victoires de la musique en 2015 et autant en 2016) et plébiscité par le public (plus d’un million et demi d’exemplaires de Chaleur humaine ont été écoulés depuis sa sortie), Christine and the Queens, qui se fait désormais appelée Chris, se rappelle à notre bon souvenir avec un second effort sobrement intitulé Chris, écho à son nouveau look androgyne qui lui-même se trouve être la résonnance du droit que l’artiste revendique de ne pas se définir dans son genre comme dans sa sexualité (bien qu’elle ait évoqué plusieurs fois la pansexualité en interview, ce qui nous donne une piste). Un nouvel album qui, s’il s’avère légèrement moins extatique que son prédécesseur – ce qui n’est ni étonnant ni anormal au vu de la qualité exceptionnelle de Chaleur humaine –, n’en demeure pas moins un album qui fait un bien fou aux oreilles.
UNE POP MINIMALISTE MAIS PUISSANTE
Si le look et le patronyme sont différents, la recette, elle, reste quasiment la même, à savoir composer des titres pop minimalistes mais puissants, pour un résultat d’ensemble ô combien jouissif ! Tout au plus Chris s’est-elle octroyé le droit de mettre un peu plus de rythme et de groove dans certains de ses morceaux, comme dans l’excellent Damn, dis-moi, le premier single extrait de l’album où elle chante en duo avec l’artiste américain Dâm-Funk. Pour le reste, celles et ceux qui sont tombés sous le charme de Chaleur humaine resteront en terrain connu et se délecteront des pépites qui parsèment ce Chris.
Boites à rythme syncopées, envolées lyriques, claviers hypnotiques, grooves funky, les titres divins se suivent et figent le temps, nous entrainant hors du réel, dans un monde onirique où plus rien n’a d’importance sinon jouir à outrance dans une succession d’orgasmes auditifs, sensoriels ou bien encore chimériques, peu importe le genre, puisque nous faisons corps avec Chris et la pansexualité qui semble la caractériser.
Ả noter qu’au lieu de sortir une version anglaise de l’album dans un ou deux ans comme ce fut le cas pour Chaleur humaine, l’artiste a décidé cette fois-ci de sortir cette version concomitamment à la version originale sous forme d’un double-album. Version à réserver aux adeptes de la langue de Shakespeare.