Chrome Dreams II est sorti en 2007. Lors de la décennie 2000-2010 c'est certainement l'album qui a reçu les meilleures critiques à sa sortie, si l'on ne tient pas compte de la mise en circulation d'enregistrements anciens datant du siècle dernier. Il a souvent été salué comme marquant le renouveau de Neil Young. Pourtant le titre interpelle, quel est ce "2" qui suit Chrome Dream ? Où est passé le "1"?
Le mystère n'est pas bien grand et largement diffusé lors de la sortie de l'album, le Chrome 1 est resté à l'état de projet en... 1976 ! Il devait alors comprendre quelques titres restés fameux ( Pocahontas, Helpless, Like A Hurricane, Sedan Delivery... ) et éparpillés sur d'autres albums ( Americans Star's n bar; Rust Never Fleep, Freedom... )
Cet album-ci est donc né en partie de fonds de tiroirs de différentes périodes. Par exemple "Beautiful Bluebird" a été écarté de l'album "Old ways" et surtout "Ordinary People" qui aurait dû se trouver sur l'album "This Note’s For You" était resté à l'état mythique, gravé dans les souvenirs des spectateurs qui assistaient à ses concerts, "le titre était si puissant qu'il écrasait tout ce qu'il entourait" déclara Neil. Enregistré ici il occupe toute la face deux et dure dix-huit minutes, il est considéré comme étant le "cheval de bataille" de cet album. Il fait appel aux cuivres et consiste en une longue suite de couplets cisaillés par les guitares. La face quatre est elle aussi composée d'un seul titre "No hidden path" qui ne démérite pas non plus, s'étalant sur quatorze minutes, il se montre plus varié et moins répétitif et lui dispute la place honorifique de meilleur titre de l'album: Neil n'est jamais aussi bon que lors de ces longues chevauchées lui ouvrant un immense espace à défricher.
On remarquera que l'ordre des morceaux diffère de celui qui est proposé sur le CD, le support vinyle ayant ses exigences propres. Pour le reste, rien à jeter, il n'y a pas de titre faible ou en-dessous. De superbes ballades (Beautiful Bluebird, Shining Light, The Believer) alternent avec des rocks bien décapants (Spirit road, Dirty old man). "The Way " est un peu à part, le morceau est joué principalement au piano et accompagné par une chorale d’enfants, l'exercice est souvent casse-gueule, basculant parfois dans le racolage, mais le Loner s'en sort avec les honneurs.
On comprend bien que cet album, teinté de nostalgie, est très disparate et que les titres forment des pièces de puzzle qui ne s'agencent pas très bien ensemble, mais c'est là la seule faiblesse d'un album très réussi.
( Ah oui, j'allais oublier, la pochette est quand même bien pourrie ).