1990/ Sacrifiez les enfants, fusillez les poètes.
Dans la carrière de Thiéfaine, il y a des périodes. La période avec le groupe Machin, la période Mairet qui elle même se divise en 2 et puis il y a des albums qui ne rentrent dans aucune période particulière.
Chroniques Bluesymentales en fait partie.
A travers ses consonances acoustiques, Chroniques Bluesymentales est un album bleuté aux accents blues rempli de spleen et d'intimité. Aucun autre de ses albums ne se rapproche de celui-ci. La guitare acoustique omniprésente et la guitare électrique légère donnent souvent l'impression que l'artiste se confie à nous.
Comme Alambic Sortie Sud, cet album sera globalement assez boudé par l'artiste sur scène. Et c'est bien dommage car on y trouve de véritables petites perles !
C'est tout d'abord au son des Hallelujah que va démarrer le voyage. "Demain les kids" ouvre le bal, vibrant hommage aux enfants qui souffrent, qui meurent dans un "monde adulte inutile et chagrin".
"Dans les ruines de l'école où brûle un tableau noir
Une craie s'est brisée en écrivant espoir".
On trouve un "Pogo sur la deadline" plus accentué vers le rock mais un rock propre, net, précis comme un coup de cymbale. J'ai l'impression qu'il se parle à lui même dans cette mystérieuse chanson. Comme si son "moi" non artiste s'adressait à la star.
"j'étais mort en voyant ta cour d'admirateurs".
La chanson "Caméra Terminus" est pour moi une chanson qui illustre bien le délire de Thiéfaine dans son ensemble. Je ne suis pas sûr qu'il y ait un sens profond dans tout ça, mais la poésie des mots l'emporte sur la compréhension du texte.
"Sous les porches moisis
Des cités englouties
La dernière ambulance
s'englue dans le silence"
J'ai personnellement un petit faible pour "Zoo Zumain Zebus" (dont il a oublié un couplet, la chanson à l'origine devait en contenir 4) et 542 lunes et 7 jours environ. Ces chansons se détachent complètement de l'album.
Mais j'adore, sous des airs spleen totalement abouti, "Un automne à Tanger", "Portrait de femme en 1922" et "Villes natales et Frenchitudes".
C'est d'ailleurs cette dernière qui reste mon grand coup de coeur de l'album. Triste, enivrante, déroutante, cette chanson qui raconte l'histoire d'un homme (lui?) qui revisite son village d'enfance à l'age adulte vous prends véritablement à la gorge.
Installez-vous confortablement, fermez les yeux, mettez le son un peu fort, vous allez faire un voyage unique.
"givré dans la nuit de Noël
un clocher balbutie son glas"
"Un camion passe sur la rocade
Et le vent du Nord se réveille
Mais faut pas rêver d'une tornade
Ici les jours sont tous pareils"
Cet album n'est pas le meilleur, même si il reste un excellent cru dans la carrière du bonhomme.
Mais on aimerait bien avoir un peu plus de bluesymentales songs sur scène !!!