Premier album posthume d'une longue série, celui-ci doit malgré tout être considéré comme sa dernière création, vu qu'il l'a finalisé avant sa mort.
Fruit d'un colossal travail de studio qu'il a mené depuis des années en compagnie de son synclavier, un synthé piloté par ordinateur qui peut contenir autant de pistes de musique qu'il le souhaite ... cet énorme cerveau n'a pas les contraintes d'un orchestre et Frank Zappa peut donc laisser libre cours à son imagination, surtout que se sachant condamné, il n'aura plus aucune barrière ... il se donne la liberté totale pour nous offrir son oeuvre la plus complexe, mais malgré tout abordable pour quiconque s'intéresse aux recherches électroniques et expérimentales.
La musique en elle-même est faite de morceaux instrumentaux et est le résultat de ses recherches sur les timbres, les rythmes, l'harmonie, tout ce qui fait la musique dite "sérieuse" et comprends pour une part non négligeable des samples de prestations de l'Ensemble Modern du temps de "Yellow Shark", le tout mixé avec les sons de son synclavier. La densité sonore est exceptionnelle, profonde et pénétrante.
Il intercale entre ces morceaux des dialogues issus de sessions d'enregistrement qu'il a faites en 1968, du temps du projet "Lumpy Gravy", ainsi que d'autres datant de 1991 ... on y retrouve des personnages habitant un piano géant fuyant le monde extérieur, le concept de l'immense note qui guide notre univers, et autres images surréalistes ... il vaut la peine de traduire ses textes même s'ils peuvent rester un peu hermétiques pour un non-anglophone.
Si vous êtes intéressé par l'oeuvre de Frank Zappa, ce disque est incontournable et nous démontre qu'il avait encore beaucoup de choses à nous dire ...