Dans les eaux de ces années 2000, Radiohead, ô grand groupe adulé par la presse musicale, commençait sérieusement à taper sur le système nerveux. En cause était souvent la voix plaintive de Thom Yorke pour tout dire, que l'on aurait aimé faire taire d'un coup de fusil de chasse pour mettre un terme à ses nuisances dépressives.
Clap Your Hands Say Yeahs, avec ce premier album habillé d'une pochette laide, présente se même désagrément avec son chanteur se rapprochant vocalement de celui du groupe britannique. D'entendre "The Skin Of My Yellow Country Teeth" et l'envie de meurtre reprend subitement quand le chant geignant se pose sur les mélodies presque minimalistes du titre. Il en va de même pour "Over And Over Again (Lost And Found)" dans lequel le même effet d'irritation provoque une poussée guerrière et compassionnelle d'abréger les souffrances d'Alec Ounsworth, puisque c'est le nom du chanteur, d'un acte barbare mais salvateur.
Pourtant, sur le plan musical, le charme de ce disque opère car il contient quelques pépites mélodiques à en faire des coulées humides et douces dans la culotte d'une lolita anglophile émue. Comme ce moment acoustique et agréablement instrumental de "Blue Turning Grey", comme "This Time Home On Ice" qui rappelle du My Bloody Valentine en moins cacophonique, comme "Details Of The War" qui chaloupe dans une nappe légèrement velvetienne. "Gimme Some Salt" offre une pop hypnotique et grooveuse. "Upon This Tidal Wave Of Young Blood" épilogue à merveille la série des douze titres avec ses boucles rêveuses synthétiques.
Mais pour que les oreilles se confortent intégralement au disque avec la voix d'Alec Ounsworth, il vaudrait mieux pour l'auditeur averti d'écouter l'œuvre en étant un peu éméché.