Clapton
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Clapton

Album de Eric Clapton (2010)

Excepté les Stones, AC/DC et les Doors, mes plus lointaines claques musicales remontent à Eric Clapton, ou God en toute simplicité. Celui qui a d'abord brillé au côté de John Mayall, puis dans des groupes tels que Cream, Blind Faith ou Derek & the Dominos avant de se lancer en solo, voyage autour du monde depuis maintenant six décennies où, seul ou accompagné, il prêche la bonne parole du blues et dévoile toute sa virtuosité.


En 2010 sort ce qui est aujourd'hui son avant-dernier disque studio, sobrement appelé Clapton. Depuis quelques années, "Showhand" a l'habitude de sortir quelques albums de reprises consacrés au blues, à l'image des très bons Me and Mr Johnson ou From the Cradle, et c'est sous cette forme qu'il enregistre cet opus. Si on peut d'abord regretter cette paresse de sa part, on peut tout de même apprécier le talent, l'envie et la sincérité de Clapton qui, décidément et même aujourd'hui, ne joue du blues comme personne, notamment lorsqu'il remonte à ses racines.


Enregistré entre la Nouvelle-Orléans et Los Angeles, il s'entoure d'un nombre incroyable d'invités prestigieux, de J.J. Cale pour trois titres (décidément, après The Road to Escondido et une collaboration qui a débuté au début des années 1970, ils étaient vraiment inséparables) à Derek Trucks en passant par Willie Weeks. Clapton ne laisse strictement rien au hasard, ses musiciens sont impeccables et jouent avec maîtrise et sagesse, tandis que la production de l'album est très propre et sobre. Lui-même semble assagi, ne se lançant pas dans d'immenses solos qui ont fait sa réputation mais reste dans un style très blues, calme et classique, posant sa voix resté intacte avec les années, ce qui ne l'empêche pourtant pas de se permettre quelques touches plus jazzy.


Alors, ce disque est loin d'être le meilleur de Clapton, lui qui a signé d'immenses œuvres, notamment avec John Mayall et Cream, ou même en solo avec 461 Ocean Boulevard ou le live Just one Night mais il nous rappelle à chaque note qu'il joue du blues comme personne et est capable de te prendre aux tripes notamment lorsqu'il reprend Snooky Pryor pour Judgment Day (et son incroyable harmonica) ou Little Walter avec Can't Hold out Much Longer. Il rend, à travers plusieurs chansons, hommage aux pionniers du blues avec autant de passions que de sincérités et l'osmose entre lui et ses musiciens est parfaite tandis que la belle conclusion qui reprend les feuilles mortes peut facilement nous faire oublier quelques morceaux un peu plus anecdotiques.


C'est un Eric Clapton sage, sobre et classe qui rend hommage à plusieurs pionniers du blues à travers un album orchestré avec brio où plusieurs grands musiciens viennent taper le bœuf avec God. Alors certes, ce n'est pas la folie ou le génie de ses plus grandes œuvres (je pense notamment à tous les albums auxquels il a participé dans les années 1960 jusqu'au milieu des années 1970), mais ça s'écoute avec grand plaisir et Clapton montre qu'il est encore capable de prendre aux tripes en prêchant la bonne parole du blues.

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le 16 avr. 2015

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Docteur_Jivago

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