À la première écoute, cet album m’avait paru digne d’intérêt tant il alliait un rock expérimental et pourtant avide d'harmonie ; mais enfantin, inégal, bordélique. C'était la découverte de quelque chose de nouveau pour moi, et tout ne m'était pas agréable, tant ces mélodies me semblaient incongrues : je n'en avais pas encore saisi la magie. Au début, un morceau en particulier attira mon oreille, les autres semblèrent passer au dessus ou en dessous. Ce morceau, c’était Ledmonton bien sûr. La partie la plus abordable de l’album. Une belle envolée lyrique naïve, sauvage et sans entraves.
Toujours est-il qu'intrigué, j’écoutais à de nombreuses reprises cet album, sur une période de temps assez espacée. Et plus je l’écoutais, plus j’ajoutais des morceaux à mes favoris (jusqu'à ce qu'ils y soient tous) ; plus ces mélodies baroques, que j’avais qualifié de bancales m’envoûtaient, par le moyen d’un étrange charme qu’est la diversité. Une diversité très complexe, trop foisonnante pour une découverte.
Une véritable maestria quant à l’utilisation des nombreux instruments, du chant et des chœurs.
Un Arcade Fire plus féérique, exalté et enfantin : voir Approach the throne qui m’avait fortement déplu à la première écoute et qu’aujourd’hui j’adule, qui fait penser à une fanfare de cirque. Mais aussi plus libre, qui parvient à créer comme une atmosphère musicale propre, chose que seuls de rares albums parviennent à faire (Dead Man’s bones, notamment).
Ainsi, tout comme Arcade Fire, il faudra de très nombreuses écoutes pour percer le voile, ou tout simplement pour se remettre à voir après avoir été ébloui par la trop grande richesse de ces sonorités martiennes. Néanmoins, une fois que l’on se remet à voir, tout semble plus beau.
C’est à cela que l’on reconnaît les grands : tel un vin, on apprend à les apprécier, et leur maturation dans notre esprit ne les rendent que meilleur.