Si l'album précédent était fort en sens et nous contait une histoire, cet album n'est pas dans la continuité du premier, "à cause" de la présence de paroles qui empêche à mon sens, la totale immersion avec les instruments. L'abstract hip hop... personnellement ce groupe a vraiment modifié ma personnalité, notamment avec cet album, un génial OVNI musical et bien plus...

Il débute par "Del", une track mélangeant des sonorités diverses, comme des sons 8 bits, des percussions plus sauvages mais aussi électro, le tout est amené par une note tenue tout au long de la musique, et quelques sons arrières qui mettent en valeur aussi le côté sauvage de la musique. La prouesse réside dans le maintient de l'équilibre entre sonorités sauvages/calmes et sons électro, avec quelques breaks assez progressifs, correspondant totalement à l'ambiance dégagée par la musique.
Après 4:15 de cohérence incohérente, "Pièce" vient réveiller les tympans, en accentuant le côté hip hop du groupe, tout en gardant l'espèce d'ambiance aérienne présente dans "Del". La basse est bien plus présente, apportant un soutient rythmique au tout, et la batterie est là aussi plus prononcé que dans la track précédente. "Pièce" est dans la lignée de la première track, en créant une sorte de montée, pour annoncer la track suivante qui va complétement nous déconcerter.
"Brouillard" est... un ensemble de sons, pas une musique. Mais étrangement, et je ne sais pas quel miracle, elle reste structurée dans sa folie : des sons complétement différents les uns des autres, des bruits de portes, de pistolets, une voix assez aigue, des voix de robots, des millisecondes de cris rappelant certains films d'horreur... la track commence par une atmosphère sombre, puis vers 1:55 elle change d'orientation, par une sorte de brouhaha progressif, on passe de l'incompréhension à une sensation étrange, celle de se retrouver dans une salle vide de 2000 mètres carré. Puis ça repart. Avec une autre atmosphère cette fois çi, l'interrogation, une sorte de mystère planant sur la suite de l'album... Peut être une bonne surprise ?
Et quelle surprise. "Mata-Hari" est le nom de la première track véritablement rap de l'album, avec la participation d'Atoms Family notamment. La track commence par un rythme quelque peu inhabituel, mais qui tient la route. Le rap s'enchaine et le refrain arrive.... Une sorte d'angoisse musicale, à la fois brutale et stressante, mais d'une puissance phénoménale. Quand le rap arrive dessus, la mélodie prend toute sa dimension, puis la track se termine sur un son coupant net avec la musique.
C'est alors que "A.C" est en lecture. Une ambiance très sombre, rappelant "Brouillard", une chirurgie rythmique, le beat est complétement décomposé et chaque son est à sa place... Il règne alors une sorte de peur, l'impression d'être traqué. Le sample de Biggie colle parfaitement avec cette angoisse, et quand la batterie accélère, l'impression est alors plus grande, comme une grande chasse à l'homme. Cette track rappelle que l'album est imprévisible, et que quoi que vous entendiez, tout peut arriver.
AKA continue à nous surprendre, avec "Audio Crash", qui commence avec un sample clair et très particulier, puis une nouvelle sonorité vient rappeler encore une fois l'ambiance constamment présente jusque là dans cet album, ce malaise, cette peur et cette angoisse, qui après de nombreuses écoutes, deviennent une sorte de sublime calvaire pour les oreilles. Track très progressive, qui bascule constamment entre légèreté et lourdeur, notamment grâce à la harpe qui contribue énormement à l'ambiance générale de la musique. Le sample vocal n'apporte pas grand chose en revanche, si ce n'est une décomposition rythmique assez proche de quelques track dubstep.
"Petersbourg". Une track qui aux abords parait très efficace et classique, mais lorsque le sample apparait (0:50) et que la musique bascule (1:11) tout semble s'assembler. La guitare, les samples vocaux, la cohérence du rythme... on se rend compte que tout est parfaitement équilibré, et l'ensemble procure une sensation unique, une track qui se démarque un peu de l'album au final, qui n'a pas tout à fait la même ambiance stressante, du moins elle n'est pas autant marqué que sur les autres tracks. Ou pas. On croit arriver à la fin de la track (3:22) et là... on repart dans cette atmosphère pesante et légère (avec le piano) en gardant les sonorités du début de la track... Magistral. Le sample vocal apparait comme une sorte de secret, de sonorité cachée dans la musique, qui termine cette track en beauté.
Puis le rap refait son retour, avec "L'Oreille Droite", track sur laquelle James Delleck signe une prestation magistrale, il en est de même pour La Caution. En décalage permanent avec le rythme, la puissance de l'instru' donne un volume au texte. Des punchlines inhabituelles mais là encore qui frappent juste grâce à l'intru' totalement en accord avec la rythmique vocale. Suivante.
7:39. C'est la durée de ce voyage musical et philosophique proposé par "Jason Lytle", une track sombre et mélancolique, d'une longueur pesante mais nécessaire, rien n'est de trop. Le piano nous tient en halène du début jusqu'à la fin de la track ; l'ambiance créée par les percussions rappelle le côté bestial de "Del", sans pour autant avoir une quelconque ressemblance avec. La musique bascule (4:29) après un break peu prononcé, une mélodie qui annonce une atmosphère sombre qui se développe encore un peu plus après 5:21, ou la musique perd en légèreté et nous fait revenir à la réalité. Puis arrive 6:06. La puissance de toute la musique est alors présente, avec des samples vocaux plus pertinents les uns que les autres. Des notes en accord, qui font resurgir le malaise présent dans les premières track de l'album. Et la fin, sur une note de piano, comme pour conclure, pour dire que ceci n'était pas réel.
On arrive à la dernière track, intitulée "Nietzsche", faisant référence au philosophe évidement. Du piano, et seulement du piano ; avec cependant un son "d'enregistrement" présent tout au long de la musique, et c'est ce son ultra subtile qui donne sa dimension à la track. Puis arrivent les bruits d'enfants, et le beat complétement anormal, les notes pesantes en harmonie avec le piano... Une track sombre, mais une parfaite conclusion à cet album.

En résumé, un album complétement magistral comme je l'ai dis pour plusieurs tracks, qui nous tient en halène avec une ambiance sombre et des sonorités inhabituelles, propres à AKA. Si on pouvait s'attendre à une "suite" du premier album, AKA nous surprend en proposant une tout autre expérience, plus censé peut être, plus concrète, mais tout aussi intéressante. Cet album parvient à toucher au plus profond et à vous poser de réelles interrogations, une vérité indiscutable, bien plus qu'un simple album, l'oeuvre d'un duo qui à travers leur albums nous rappelle que la musique a un pouvoir illimité. Un seul mot : Magistral.
roms2332
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le 11 mai 2012

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