Coin Coin Chapter One: Gens de couleur libres par Siggy Stardust

Un album injustement passé inaperçu auprès du public visé, alors que c'est une réussite majeure, un des meilleurs albums jamais sorti.

Coin Coin est projet pour le moins ambitieux : raconter l'expérience collective des Noirs-Américains en Amérique (le chercheur en sciences humaines un peu sérieux lève certes un sourcil dubitatif, mais il s'agit de musique, pas d'une thèse). Ce premier chapitre se focalise sur le personnage de Marie Thérèse dite Coincoin, ancienne esclave affranchie devenue riche femme d'affaires à la Nouvelle-Orléans. Cependant le ton ne se veut ni didactique ni objectif, mais éminemment personnel : Matana envahit littéralement le personnage de son identité.

Et en excellente musicienne, elle utilise tout le vocabulaire à sa disposition : improvisations free-jazz bien sûr (avec partitions graphiques notamment), mais également berceuses, musiques folkloriques réarrangées, narration parlée, hurlements... On oublie les contraintes stylistiques, tout ce qui a fait la musique américaine du XXème siècle est mis en oeuvre pour raconter cette histoire, dont les épisodes s'enchaînent comme on regarde un vieil album de famille, avec ses instantanés surgissant du flou de la mémoire.

Cette musique ne promet pas un moment agréable. Elle offre une expérience. Eprouvante. Forte. Et belle à pleurer.