Comment, "Coles Corner" n'est pas un classique ? Bien sûr que si, seulement c'est un classique encore confidentiel... Essayez juste de faire écouter "Hotel Room" ou "The Ocean", ou encore "Born Under A Bad Sign" à quelqu'un qui n'a jamais entendu parler de Richard Hawley : son premier réflexe sera de se ruer vers son dealer officiel (disquaire ou Spotify...) pour "acheter" cette petite merveille. Les détracteurs - il y en a, tous les goûts sont dans la nature - de Richard Hawley auront beau jeu de citer les références évidentes : Presley, Orbison d'un côté, Lou Reed, Morrissey de l'autre... Ce n'est pas faux, bien entendu, mais au final toute cette nostalgie élégante - et un tantinet "évidente", certes - est transcendée par l'ambiance rude de la bonne ville de Sheffield si chère à Hawley : c'est que cette réverb accentuée, cette country music revisitée, cette obsession pour les chagrins d'amour et les losers éperdus, pour les rencontres manquées et les étreintes furtives, tout ce romantisme universel, dont Hawley se veut le chantre "local", est bel et bien magnifié par des mélodies impeccables, par une voix inimitable et par des envolées orchestrales parcimonieuses mais irrésistibles. L'auditeur a le cœur qui saigne, la nostalgie n'est plus ce qu'elle était, et "Coles Corner" est un album incontournable pour quiconque recherche l'émotion, la vraie, dans un disque de Rock. Dommage quand même que les dernières chansons soient plus faibles, on passe pour cette fois à côté du chef d'oeuvre absolu. Ce sera pour (un peu) plus tard, ce sera "Truelove's Gutter". Mais c'est une autre histoire. [Critique écrite en 2013]