Cet album ne vaut sans doute pas une telle note, objectivement. Qu'importe, je ne suis pas là pour être objectif, mais pour parler des choses qui me plaisent, en explicitant le pourquoi du comment.
"Comfort in Sound" n'est pas mon album préféré de Feeder ("Echo Park", dans sa version japonaise, est là pour ça, malgré l'absence de "Satellite News" qui l'aurait rendu parfait à mes yeux). Il alterne le calme et le violent, et se permet quelques fulgurances, sans pour autant atteindre le niveau et la régularité de leurs précédents travaux (et "Pushing the Senses" aussi, dans une moindre mesure).
Le fait est que je connais ce groupe depuis 1997-98, lorsqu'en bon geek vidéoludique que j'étais (et suis encore un peu, j'avoue), je me familiarisais avec "Sweet 16", dans le fameux jeu de courses Gran Turismo. Après une superbe introduction portée par les Chemical Brothers, remixant les Manic Street Preachers sur notre chouette version européenne du jeu, je découvrais donc "As Heaven is Wide" de Garbage, ou encore "Lose Control" de Ash. Ecoutant par ailleurs déjà des groupes comme Queen ou Placebo, ces découvertes ont clairement orienté mes goûts musicaux vers toute forme de rock, quand bien même j'écoute un peu de tout aujourd'hui.
Comfort in Sound, c'est l'histoire d'un groupe qui fait le deuil d'un batteur de génie: Jon Lee. Grant Nicolas, le chanteur, dans une interview que j'ai eu l'occasion de lire lors de ma vie de débauche dublinoise de 2002-2003, racontait qu'un jour, alors qu'il était à une terrasse de café, il reçut un appel de Jon Lee. Il laissa sonner, n'imaginant pas un instant que le regretté batteur se suiciderait dans les minutes qui suivent. Il s'en voudra longtemps.
Puis le renouveau. Mark Richardson (Skunk Anansie) prend la relève, et contribue à produire l'un des albums les plus aboutis du groupe. Le son est limpide, la batterie percutante, les textes prenants. La voix de Grant n'est pas la plus belle que l'on puisse entendre, mais elle est juste, et transporte un nombre incalculable d'émotions. "Just the Way I'm Feeling", "Come Back Around", "Summer's Gone" autant de titres évocateurs. Un album hommage, le groupe ne s'en cache pas. Comme ce fameux "Godzilla" hyper énervé, qui pourrait faire croire que le groupe a besoin de se lâcher et passer à autre chose. Mais encore une fois, il n'en est rien: l'inspiration de ce titre, c'est Jon Lee. Lui qui avait offert à son fils une petite figurine de Godzilla, récupérée au Japon lors de la tournée précédente du groupe, sa dernière tournée...
Une fois de plus, la version japonaise de l'album enterre toutes les autres, avec les b-sides "Opaque" et "Emily" en plus, morceaux aux tonalités pop rock électrisantes et flamboyantes. Mon seul regret sur cette version, c'est que l'album ne se conclut pas avec le magnifique "Moonshine". Slow à la guitare tranchante, au refrain envoûtant, réservé à l'occident, et qui clôture de la meilleure des manières un album au goût mélancolique. A mon sens, c'est l'une des "masterpieces" de la formation (au même titre que "Turn" et "Descend", entre autres).
Feeder, au succès très modeste en France, contrairement à l'engouement suscité au Japon et en Grande Bretagne, reste un des meilleurs groupes que j'ai vus en concert (2 fois, il y a longtemps, nananère), et je les classe sans sourciller au niveau d'un Muse ou un Ghinzu à cet exercice.